Didier Lombard, Olivier Barberot et cinq autres dirigeants de France Télécom sont poursuivis pour harcèlement moral, ainsi qu’Orange en sa qualité de personne morale. Les magistrats en charge de l’instruction ont renvoyé les accusés devant le tribunal correctionnel dans l’affaire de la vague de suicides chez l’opérateur à la fin des années 2000.
Dans l’affaire de la vague de suicides qui avaient endeuillé France Télécom à la fin des années 2000, neuf ans après les premières plaintes, Orange et sept de ses anciens dirigeants sont renvoyés en correctionnelle. Les magistrats en charge de l’instruction du dossier ont retenu contre les prévenus le harcèlement moral, mais pas l’homicide involontaire comme le demandaient les plaignants.
Entre 2006 et 2009, avant de devenir Orange, France Télécom s’était lancé dans un vaste plan de restructuration, baptisé NExT. Il s’agissait de réduire drastiquement la masse salariale de l’opérateur, le tout accompagné de 10 000 mobilités internes. S’en suivirent de nombreux suicides, tentatives de suicides et départs en dépression.
L’homicide involontaire, pas retenu
Si France Télécom, devenu Orange, a toujours contesté ces accusations, les magistrats ont considéré dans leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel que l’opérateur avait « créé un climat professionnel anxiogène » du fait d’une « politique d'entreprise visant à déstabiliser les salariés ». Trente neufs cas ont été retenus : dix-neuf suicides, douze tentatives et huit dépressions.
Le plan NExT avait été interrompu en 2009. L’année suivante, le PDG Didier Lombard était remplacé par Antoine Richard. Il quittera l’entreprise en 2011. Il fait partie des sept cadres poursuivis, au même titre que le numéro deux de l’opérateur alors, Louis-Pierre Wenes, et le DRH Olivier Barberot. Le président de la CFE-CGC Orange, Sébastien Crozier, explique qu’il « faut que ça serve d'exemple pour que plus jamais un management use de violence sociale pour faire partir des gens. Pour le reste, ça ne ramènera pas nos collègues ». Le syndicat, partie civile, déplore également que deux des mis en cause occupent toujours des postes à responsabilité chez Orange ou chez ses partenaires.