Le rachat de NXP par Qualcomm tombe à l’eau

20 mois après avoir annoncé l’acquisition de son concurrent néerlandais, Qualcomm jette l’éponge en l’absence d’aval du régulateur chinois cette nuit, dernier obstacle au bouclage de cette opération. Le géant des semi-conducteurs fait les frais de la guerre commerciale opposant Etats-Unis et Chine.

En octobre 2016, Qualcomm annonçait mettre la main sur NXP Semiconductors, son concurrent néerlandais, ex division semi-conducteurs de Philips. Une opération d’une ampleur alors inédite dans le secteur des semi-conducteurs, l’Américain signant un chèque de 47 milliards de dollars. Plus tôt cette année, Broadcom tentait d’établir un nouveau record en proposant jusqu’à 120 milliards de dollars pour s’offrir Qualcomm… une opération mise en échec par l’intéressé et par Donald Trump.

Un sort que vient de connaître le rachat de NXP. Si les régulateurs américains, européens et japonais ont donné leur feu vert, la Chine se faisait attendre. En avril, Qualcomm et NXP retirait et remplissait à nouveau leur formulaire de fusion à la demande du ministère chinois du Commerce, qui exigeait de Qualcomm plus de concessions relatives à l’anti-trust. La date de clôture de l’accord avait alors été repoussée au 25 juillet, à 23h59 heure de New York.

Mais cette nuit, les autorités chinoises sont restées silencieuses. Dans un communiqué, le patron de Qualcomm Steve Mollenkopf prévient, quelques heures avant l’échéance, que « faute de nouvelles des autorités chinoises d’ici à mercredi soir 23h59, Qualcomm abandonnera ce projet ». Et voici quelques minutes, nouveau communiqué du concepteur des Snapdragon : l’opération est abandonnée.

Résignation et résiliation

« Qualcomm Incorporated a annoncé aujourd'hui la résiliation de l'acquisition de NXP Semiconductors NV […], en vigueur immédiatement » écrit l’entreprise, cessant immédiatement son offre publique d’achat des actions NXP toujours en circulation. Il versera en outre 2 milliards de dollars à NXP aux termes du contrat. Le Néerlandais en a bien besoin, après deux ans de flottement qui ne lui ont guère été profitables commercialement.

Steve Mollenkopf ajoute que « notre stratégie de base consistant à utiliser les technologies Qualcomm dans des secteurs à plus forte croissance reste inchangée ». Face à un marché des smartphones qui se tasse et à des constructeurs qui développent leurs propres puces, le géant comptait sur le rachat de NXP pour attaquer d’autres marchés, l’automobile connectée par exemple.

Dans son communiqué, Qualcomm ne revient pas sur les raisons de l’abandon de l’opération. Malheureusement pour lui, le fabricant a dû demander l’aval des autorités chinoises de la concurrence au pire moment. Le rachat de NXP est en partie une victime collatérale de l’affrontement des Etats-Unis et de la Chine.