L’Informaticien rentre de vacances tout beau et tout bronzé. Il s’en est passé des choses, ces deux dernières semaines, du mal-être d’Elon Musk au fichage politique de Twittos en passant par la nomination de Keith Block co-CEO de Salesforce : l’heure est venue de faire un résumé des actualités marquantes des vacances.
Apple piraté par un Australien de 16 ans
Il rêvait de « travailler chez Apple ». Un jeune Australien de 16 ans était entendu le 16 août par un tribunal. Il est accusé d’avoir accéder à plusieurs reprises aux serveurs de la marque à la pomme, sur lesquels il a téléchargé quelque 90 Go de données. Cupertino a finalement repéré l’intrusion et a averti le FBI, qui a transmis le dossier à son homologue australien. L’enquête a finalement mené à l’arrestation du jeune homme l’an dernier et à la saisie de plusieurs terminaux et d’un disque dur. La décision du juge devrait être rendue le mois prochain.
Foreshadow, une nouvelle faille dans la lignée de Spectre
Nouvelle faille découverte dans les puces Intel. Baptisée L1 Terminal Fault (abrégé L1TF), celle-ci cible les processeurs Intel Core de 7ème génération et ultérieures et leurs équivalents Xeon munis de SGX (Software Guard Extensions), conçus pour prévenir les modifications de codes. Comme dans les cas des vulnérabilités Spectre et Meldown, cette faille concerne là encore les fonctions d’exécution spéculative, permettant à un attaquant d’accéder au cache de données de L1, où sont stockées les informations quant aux hypothétiques prochaines actions du processeur. Selon Intel, L1TF n’a jamais été exploité et a déjà été bloqué par les mesures d’atténuation déployées en mars.
EU Disinfo : quand l’étude statistique bascule dans le fichage politique
Tout commença avec un institut privé belge réalisant des études statistiques qui décida un beau jour de se pencher sur l’affaire Benalla et à ses échos sur Twitter. Sa publication, expliquant qu’un très petit nombre de comptes « hyperactifs » était à l’origine d’une grande partie des tweets en lien avec l’affaire, a fait polémique sur le réseau social. Et EU Disinfo a cru bon de jouer la carte de la transparence en publiant sa méthodologie ainsi que les données utilisées… et non anonymisées. Soit 3000 comptes Twitter nommés et classés selon différentes caractéristiques, dont l’orientation politique. Ce qui a fait d’autant plus polémique, la société étant désormais critiquée aussi bien sur ses biais méthodologiques que sur le fichage politique d’utilisateurs de Twtter. La CNIL a été saisie de nombreuses plaintes d’internautes outrés.
L’UFC Que Choisir fait condamner Twitter
L’association de consommateurs a réussi son face-à-face contre un géant du Web. L’UFC s’est attaquée en juin 2013 à Facebook, Google et Twitter, visant les clauses abusives de leurs CGUs. Mardi 7 août, le Tribunal de Grande Instance de Paris a accordé une première victoire à l’association, et c’est Twitter qui en fait les frais. Le gazouilleur est ainsi condamné à supprimer plus de 250 clauses abusives ou illicites de ses CGU, Règles et autres Politique de Confidentialité. Des clauses qui font en sorte que Twitter considère toutes données personnelles comme des données publiques, qu’il puisse s’approprier tout contenu publié et qu’il s’exonère de toute responsabilité en cas de violation de données. Le réseau social est également condamné à 30 000 euros de dommages et intérêts.
Chine : quand Google est accusé de s’autocensurer, Apple fait le grand ménage sur l’App Store
Ça grogne contre Mountain View, aussi bien dans ses propres rangs que dans ceux des défenseurs des libertés civiles. En cause, le projet du géant de remettre un pied en Chine et, pour ce faire, de développer Dragonfly, un moteur de recherche adapté à la législation chinoise en matière de contenus en ligne… soit censurant certains résultats sensibles. Si Sundar Pichai assure ne pas être « prêt à lancer un produit de recherche en Chine, ni que nous pouvons ou voulons le faire », la controverse ne désenfle pas. A Cupertino, on ne s’embarrasse pas de ces états d’âme. La chaîne de télévision publique chinoise CCTV nous a ainsi appris qu’Apple a supprimé ces dernières semaines 25 000 applications de son App Store. Et ce pour se conformer à la législation locale. Les applications visées sont principalement des jeux d’argent mais il semble que divers services permettant de contourner le Great Firewall aient également fait les frais de ce nettoyage d’été.
Duumvirat à la tête de Salesforce
Le nom de Keith Block rappellera sûrement quelques souvenirs aux vieux briscards de l’informatique. En 2012, le « meilleur chargé de ventes de l'histoire des logiciels d’entreprises » (dixit Marc Benioff), alors vice-président chez Oracle, était mis à la porte par l’éditeur, ce dernier ayant peu goûté que ledit Keith Block se paie la tête de Mark Hurd lors du rachat de Sun Microsystems. Après près de trois décennies au service d’Oracle, c’est chez un autre éditeur que le vendeur allait faire son nid. Recruté en tant que Vice Président, il deviendra en 2016 le COO de l’entreprise. Le voici depuis le 7 août co-CEO, aux côtés de Marc Benioff. Ce dernier conservera la direction de « la vision et l’innovation de Salesforce dans des domaines tels que la technologie, le marketing, l’engagement des parties prenantes et la culture » quand Keith Block tiendra les rênes de la partie opérationnelle.
Elon Musk va mal, Tesla aussi (et les actionnaires n’en pensent pas moins)
Elon Musk a le moral dans les chaussettes. Il a vécu une année « atroce » révèle-t-il dans une interview dans le New York Times. Les problèmes de Tesla n’y sont pas étrangers, entre un Model X qui se plante et les difficultés de production du Model 3. Sans compter la pression quant au lancement de sa dernière fusée Space X… Elon Musk est à cran : il explique travailler 120 heures par semaine et avoir besoin de somnifères pour trouver le sommeil. Bilan, il fait de grossières erreurs de communication, traitant un des sauveteurs d’un groupe de jeunes gens coincés dans une grotte en Thaïlande de « pédophile » ou annonçant tout de go que Tesla allait se retirer de la bourse, à 420 dollars par action... Sur ce dernier point, l’entrepreneur fait face aux plaintes de certains actionnaires, qui estiment que celui-ci tente de manipuler les cours et déclenche une enquête de la SEC. Mais il persiste et signe, avec cette fois-ci quelques assurances, notamment le soutien du Public Investment Fund, le fonds souverain saoudien, qui financerait tout ou partie de cette opération de sortie estimée entre 50 et 70 milliards de dollars. Elon Musk va mal, mais cette interview larmoyante dans les colonnes du quotidien américain a aussi des airs d’opération de com’.
Arista et Cisco s’entendent sur leur propriété intellectuelle
Après quatre ans de batailles juridiques, les deux entreprises enterrent la hache de guerre. En 2014, Cisco accusait la startup fondée par d’anciens salariés de l’équipementier de violer 14 de ses brevets. Dans cette longue guerre, chacun a remporté des victoires, devant les tribunaux et l’International Trade Commission, le premier obtenant la reconnaissance par les tribunaux de la violation de cinq de ses brevets par Arista alors que ce dernier faisait invalider deux autres brevets de Cisco fin juin. Finalement, les deux entreprises ont fini par négocier un accord à l’amiable, Arista acceptant de verser 400 millions de dollars à Cisco afin de mettre un terme aux poursuites.