Atos a revu en baisse sa prévision de croissance et de rentabilité pour 2018, plombé notamment par des déboires en Allemagne et surtout aux Etats-Unis où la baisse d'activités s'aggrave de trimestre en trimestre.
La Bourse a lourdement sanctionné cette annonce du groupe, le titre chutant de près de 22% hier et encore de 4% ce mercredi à Paris.
Atos « a perdu la confiance des investisseurs après des hésitations sur son niveau de marge, sur son niveau de chiffre d'affaires et la controverse qui a eu lieu concernant le calcul de son flux de trésorerie disponible (free cash flow) », a souligné auprès de l'AFP Daniel Larrouturou, directeur général délégué chez Diamant bleu Gestion.
Le titre est en train de « confirmer les craintes qu'avait déjà le marché sur son activité depuis plusieurs mois », a-t-il complété.
Sur un an, le titre Atos a perdu près de la moitié de sa valeur en Bourse.
Il avait atteint en octobre 2017 un sommet autour de 130 euros, après une longue période de croissance.
Atos a vu ses ventes quasiment stagner au troisième trimestre avec un chiffre d'affaires en hausse de 0,1% en croissance organique, à 2,884 milliards d'euros (+1,5% en données publiées).
Il ne prévoit plus désormais qu'une croissance organique de son chiffre d'affaires de 1% sur l'ensemble de l'année, alors qu'il visait au moins 2% jusqu'à maintenant.
Le groupe abaisse également légèrement sa prévision en matière de rentabilité, prévenant qu'il visait désormais une marge opérationnelle dans "le bas" de la fourchette de 10,5 à 11% précédemment communiquée sur l'ensemble de l'année.
Au troisième trimestre, les ventes d'Atos ont été tirées vers le bas par les mauvaises performances, aux Etats-Unis et en Allemagne, de la division "Infrastructure et data management" (centre de données, infogérance, services de cloud).
L'ensemble de la division "Infrastructure et data management" a vu son chiffre d'affaires reculer de 4,6% (organique) à 1,526 milliard d'euros.
Mais ces problèmes « ne sont pas structurels », ils « sont liés à des situations très spéficifiques à certains contrats » en Allemagne et aux Etats-Unis, a assuré le directeur financier du groupe, Elie Girard, dans une conférence téléphonique avec des journalistes.
« Il y a un contrat avec un gros opérateur allemand [un opérateur télécom semble-t-il] sur lequel il y a quelques difficultés » et « pour lequel on a décidé de reconnaître moins de revenu dans les comptes », a-t-il dit.
Par ailleurs, Atos a eu des "services de transition" sur un contrat en cours d'achèvement aux Etats-Unis « nettement plus faibles que celui qui avait été escompté », a-t-il ajouté. Atos prévoit d'ailleurs « une très forte accélération » de sa performance commerciale pour 2019, a indiqué M. Girard.
Le groupe maintient en effet sa prévision d'une croissance organique moyenne de 2 à 3% sur les trois exercices 2017, 2018, et 2019, a-t-il souligné.
Apport positif de la nouvelle filiale américaine
Le groupe compte notamment sur l'apport positif de Syntel, l'entreprise américaine qu'il vient de racheter et qui sera intégrée dans ses comptes à partir du 1er novembre.
Syntel a réalisé environ 10% de croissance organique au troisième trimestre avec une marge opérationnelle sur les neuf premiers mois de l'année de 25%, a indiqué M. Girard.
Globalement, le niveau des prises de commandes au troisième trimestre a atteint 2,482 milliards d'euros au troisième trimestre, « soit un ratio prise de commandes sur chiffre d'affaires de 86% en raison de quelques décalages sur le quatrième trimestre où le groupe prévoit un ratio supérieur à 130% », a précisé Atos.
Le chiffre d'affaires de la division "Business and platform solutions" (plateformes applicatives et intégration de systèmes) a cru de son côté à 4,5% (croissance organique) à 767 millions d'euros sur le trimestre, tandis que celui de la division "Big data - données massives - et cybersécurité" augmentait de 11,7% à 191 millions d'euros.
Worldline, la filiale de paiements électroniques d'Atos, a pour sa part vu ses ventes augmenter 6,3% à 399 millions d'euros.
Source : AFP