Le constructeur canadien, reconverti massivement dans le logiciel, vient d’avaler Cylance, l’une des pépites des anti-malware de nouvelle génération pour 1,4 milliard de dollars en cash.
Crowdstrike, Cylance, Malwarebytes, SentinelOne : tels sont quelques-uns des nouveaux acteurs de la protection des postes de travail qui se basent non plus sur les signatures mais sur des technologies d’analyse avancée utilisant notamment de l’IA.
Avec ses 130 millions de dollars de chiffre d’affaires et une croissance assez vertigineuse, Cylance est l’un des acteurs phares de ce marché en plein essor et qui commence à donner des sueurs froides aux acteurs historiques de ce marché : Symantec, Kaspersky, McAfee, Trend Micro et tous les autres.
Fondée par Stuart McClure, ancien cadre dirigeant de McAfee, fondateur de Foundstone revendu 86 millions de dollars à McAfee , M. McClure est également l’auteur de plusieurs livres consacrés au hacking dont l’un – Hacking Exposed – a connu un grand succès.
Du crash au cash
L’idée de Cylance a germé dans son esprit voici plus de trente ans à la suite d’une catastrophe aérienne de laquelle il a réchappé. En effet, le jeune Stuart, alors âgé de 19 ans, se prépare à un voyage très long vers la Nouvelle-Zélande. La compagnie aérienne lui propose un surclassement en première mais il refuse car il serait séparé de sa mère et de son jeune frère. Cette attitude va lui sauver la vie. En effet, quelques minutes après le décollage, une porte de l’avion s’ouvre aspirant à l’extérieur les passagers de première classe. 9 personnes périront et 346 - dont la famille McClure – survécurent.
Mais cet événement va changer radicalement sa façon de voir les choses en se concentrant sur les menaces en termes de sécurité avant qu’elles ne surviennent, qu’il s’agisse de la vie réelle ou de la cyber.
Depuis sa création en 2014, Cylance a levé près de 200 millions de dollars et l’entreprise compte aujourd’hui près de 5000 clients. En 2017, l’entreprise affichait une croissance de 177% et compte aujourd’hui 800 collaborateurs. Au printemps dernier, nous avons rencontré le numéro 2 de l’entreprise, le Français Daniel Doimo, ancien dirigeant de Schneider Electric. Ce dernier reconnaissait avoir été « bluffé » par la technologie développée par l’entreprise. Daniel Doimo était cependant très prudent et se refusait à parler d’intelligence artificielle. Tout juste consentait-il à expliquer que Cylance s’appuie sur du Machine Learning au travers d’un réseau de neurones.
Une autre spécificité de Cylance est liée à la connaissance des techniques de hacking par Stuart McClure. Le principe est de dire que les architectures, les comportements pour hacker n’ont pas évolué. Les techniques ont évolué (chiffrement, mutation) mais pas la façon de faire. En conséquence, on peut former une machine à faire la même chose avec une quantité et une qualité de données suffisamment importantes pour être capable de reconnaître des fonctions potentiellement malicieuses.
Lors de notre rencontre, M. Doimo indiquait la piste d’une introduction en bourse. Ils n’en auront pas le temps puisque Blackberry vient de signer un très gros chèque de 11 fois le chiffre d’affaires, Peu ou prou le même ratio qu’IBM a investi pour s’offrir Red Hat.
John Chen, nouveau Tycoon
De son côté, John Chen, le patron de Blackberry, réussit un nouveau coup de maître. Comme nous l’écrivions voici quelques mois, « Après avoir redressé puis vendu Sybase à SAP, L’homme d’affaires né à Hong-Kong est arrivé en 2013 comme CEO intérimaire de Blackberry. Tout le monde pensait qu’il serait le dernier à éteindre la lumière d’une entreprise devenue moribonde, après une dizaine d’années au sommet. Las, les smartphones et tout particulièrement l’iPhone étaient arrivés et avaient fini par détrôner l’indispensable accessoire de tout cadre digne de ce nom, le fameux Blackberry, son clavier et sa messagerie intégrée. »
Au mois de septembre, Blackberry présentait sa plateforme Spark pour la sécurisation des objets connectés. Blackberry entend devenir leader dans le domaine de l'IoT et met en avant le fait d’être le premier fournisseur de logiciels et services sécurisés pour les dix plus grandes banques mondiales avec les 7 membres du G7, mais également pour plus de 60 constructeurs et principaux OEM automobiles qui ont embarqué le logiciel dans plus de 120 millions de voitures sur la route.
Nul doute que Cylance va rajouter de nouvelles possibilités, même si Blackberry jure ses grands dieux que la société continuera à opérer de façon indépendante. Comme dit l’adage, les promesses n’engagent que ceux qui les entendent. Cependant avec 1,4 milliard de dollars, « Stew » McClure et ses équipes ont désormais tous les moyens de se boucher efficacement les oreilles.
Retrouvez notre article sur la plateforme Spark.