Sous la pression de ses salariés, le géant joue la prudence sur l’IA. Il annonce qu’il ne commercialisera pas de produits de reconnaissance faciale tant qu’il ne sera pas en mesure de prévenir des usages abusifs ou néfastes. Une manière également de se démarquer de Microsoft et d’Amazon, qui eux vendent tous azimuts la reconnaissance faciale aux autorités américaines, au grand dam des associations militant pour les libertés civiques.
Google fait profil bas, c’est ce qui ressort en substance du post de blog de son vice-président Kent Walker. L’entreprise de Mountain View travaille activement sur l’IA et la reconnaissance d’images. Dans ladite publication, il annonce un partenariat avec un hôpital thaïlandais quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la détection de la rétinopathie diabétique.
Diagnostiquer ce type de pathologie avant qu’il ne soit trop tard, voilà le dessein louable que vante Google. A mille lieux de la reconnaissance d’images de drones du projet Maven, pour le compte du Pentagone, que le géant avait dû abandonner face à la fronde de ses salariés. A la suite de ce renoncement, Google publiait quelques lignes directrices pour l’IA, une charte éthique en quelque sorte.
L’éthique avant les dollars
« La technologie de reconnaissance faciale s'est révélée utile dans le domaine de l’assistance technologique et la recherche de personnes disparues » écrit Kent Walker. « Cependant, à l'instar de nombreuses technologies à usages multiples, la reconnaissance faciale mérite une attention particulière pour garantir que son utilisation est conforme à nos principes et à nos valeurs et qu'elle évite les abus et les conséquences néfastes […] contrairement à certaines autres entreprises, Google Cloud a choisi de ne pas proposer d’API de reconnaissance faciale à usage général avant de répondre à des questions techniques et stratégiques importantes ».
Une décision immédiatement saluée par l’ACLU, qui en profite elle aussi pour tacler certaines autres entreprises, à savoir Microsoft et Amazon. Le premier fournit une solution de reconnaissance faciale à l’ICE, autorité en charge de l’immigration aux Etats-Unis, quand le second vend Rekognition aux forces de police américaines. « Aujourd’hui, Google a démontré que, contrairement aux autres entreprises qui redoublent d’efforts pour mettre des technologies de surveillance entre les mains des forces de l’ordre et de la police, il a une boussole morale et est prêt à agir pour protéger ses clients et ses communautés » écrit Nicole Ozer, directrice du pôle technologie et libertés civiles de l’ACLU Californie.