L'annonce des noces entre les deux entreprises, qui laissaient au passage Atos malheureux célibataire, est survenue en décembre 2017, mais ce n'est qu'aujourd'hui que le rachat de Gemalto par Thales est enfin finalisé.
L'opération, annoncée fin 2017, a connu quelques retards. Entre l'injonction d'un tribunal de consulter les salariés sur le projet et les examens des autorités de divers pays, le rachat de Gemalto par Thales a mis plus d'un an à se concrétiser. Lors du MWC 2019 à Barcelone, on nous expliquait côté Gemalto que toutes les barrières réglementaires n'avaient pas encore été levées et qu'il restait en l'occurrence un régulateur qui n'avait pas donné son feu vert... mais s'apprêtait à le faire sans tarder. Dont acte puisque Thales annonce officiellement la finalisation du rachat.
Il faut dire que cette opération a les traits d'une véritable saga. Gemalto, fleuron de la carte à puce, bancaire ou encore SIM, cherchant à se reconvertir dans les services, cybersécurité en tête, avait d'abord fait l'objet des assiduités d'Atos. Thierry Breton était prêt à débourser 4,3 milliards d'euros pour s'offrir le fabricant. Une OPA hostile dénoncée par les dirigeants de Gemalto, ce qui n'avait pas empêché l'ESN de maintenir son offre... quand soudain, coup de théâtre, un intrus s'invite dans la pièce. Thales annonce ses envies de Gemalto et pose 4,8 milliards sur la table. Alors qu'Atos vitupère, Thales et Gemalto se fiancent... Les voici un an et demi plus tard prêts à convoler.
Thales d'un bout à l'autre
Les modalités “synergiques” ne seront pas connues dans le détail avant plusieurs mois. On ignore si Gemalto conservera sa marque, mais Thales indiqué que l'entreprise “deviendra l’une des 7 activités mondiales de Thales, Identité et Sécurité Numériques, et interagira avec l’ensemble des clients du Groupe, tant civils que militaires”. “Thales, fort de l’apport de Gemalto, va créer des solutions sécurisées au cœur des grands enjeux de nos sociétés comme la gestion du trafic aérien des drones, la cybersécurité des données et réseaux, la sécurisation des aéroports ou encore la sécurité des transactions financières” écrit le géant de la cybersécurité, qui annonce parmi les résultats de cette opération un effectif de 80000 personnes et une R&D à un milliard d'euros par an.
Ce faisant, Thales va considérablement renforcer son empreinte à l'international, notamment en Amérique Latine (2 500 collaborateurs contre 600 précédemment), triplant ses effectifs en Asie, toutes régions confondues. “Grâce à l’acquisition de Gemalto, un leader mondial de l’identification et de la protection des données, Thales acquiert un éventail de technologies et de compétences complémentaires aux siennes, applicable à ses cinq grands marchés, désormais redéfinis : aéronautique, spatial, transports terrestres, identité et sécurité numériques, défense et sécurité [...] Ensemble, nous créons, aujourd’hui, un géant en identité et sécurité numériques, capable de peser face aux meilleurs acteurs mondiaux » insiste Patrice Caine, le PDG de Thales.