Facebook recrute aux antipodes

Face à l’hémorragie de ses cadres, Facebook va chercher de nouvelles recrues à l’extérieur. Et force est de constater que l’entreprise de Mark Zuckerberg fait le grand écart, entre un responsable de la politique de confidentialité issu d’une association de défense du droit à la vie privée, et une responsable juridique rédactrice du Patriot Act.

Le 22 avril, Facebook annonce le recrutement d’une nouvelle « General Councel » (ou responsable juridique dans la langue de Jean Rochefort). Après Colin Stretch, en poste depuis 2013 dont le départ est prévu depuis juillet dernier, la fonction sera occupée à partir de cet été par Jennifer Newstead.

Cette avocate arrive tout droit du Département d’Etat, où elle « supervise le travail sur toutes les questions juridiques nationales et internationales affectant la conduite de la politique étrangère américaine » depuis 2017, après un passage par un cabinet d’avocats. Auparavant, Jennifer Newstead a occupé différents postes de juriste au sein de l’administration américaine.

Sheryl Sandberg décrit la nouvelle principale conseillère juridique de Facebook comme une « leader expérimentée dont la perspective globale et l'expérience nous aideront à remplir notre mission ». Au début des années 2000, elle était sous-procureure générale du Office of Legal Policy au Department of Justice. A ce titre, Jennifer Newstead fut une des rédactrices du Patriot Act, texte qui étendra la surveillance des citoyens, notamment sur Internet.

Du Patriot Act à l’Open Tech Institute

Le lendemain, on apprend le recrutement, toujours par Facebook, de Kevin Bankston. Lequel est présentement directeur de l’Open Tech Institute, une organisation défendant justement les citoyens contre les atteintes portées à leur vie privée. Kevin Bankston est également passé par les rangs de l’ACLU et de l’EFF. A partir de mi-juin, il occupera le poste de Directeur de la politique de confidentialité. « Dans ce nouveau rôle, je serai responsable de la politique de confidentialité de l'organisation et de l’utilisation des données de Facebook » explique-t-il dans une note de blog.

« Je ne vais pas chez Facebook malgré le fait que j'ai été critique. J’y vais parce que j’ai été critique » ajoute-t-il, anticipant les critiques qui ne manqueront pas d’être exprimées. « Je ne peux pas et ne vais pas chercher des excuses pour les erreurs de confidentialité que Facebook a commises (et que j'ai critiquées) au cours des dix dernières années. Ce que je peux faire, c'est aider à faire en sorte qu'ils prennent les bonnes décisions maintenant, pas seulement pour les produits existants, mais pour tous les produits à venir ».