Huawei fait face à l’embargo américain : le décret de la Maison Blanche était justifié, dans le texte, par les risques que le Chinois faisait peser sur la sécurité nationale. Mais voilà que le Président des Etats-Unis déclare qu’il voit bien « Huawei inclus sous une forme ou une autre, dans un accord commercial » avec la Chine. Aux dépens de la sécurité nationale donc ?
Stupeur outre-Atlantique ! Depuis la mi-mai, Huawei est confronté à un véritable blocus sur les produits et technologies américains imposé par un décret présidentiel. Un décret décidé au nom de la sécurité nationale puisque la vente de produits et technologies made in US « augmente la capacité des adversaires étrangers à créer et à exploiter des vulnérabilités dans les technologies ou les services de l'information et de la communication, avec des effets potentiellement catastrophiques » écrivait Donald Trump.
Le président estimait alors que « des mesures supplémentaires sont nécessaires pour protéger la sécurité, l'intégrité et la fiabilité des technologies et des services de l'information et des communications fournis et utilisés aux États-Unis ». Dont acte avec cette interdiction de vente, transfert ou partage à Huawei. Si aucune preuve du risque que fait peser Huawei sur les infrastructures vitales n’a été rendue publique, la protection de la sécurité nationale demeure une justification valable.
Mais de notre côté de l’Atlantique il ne fait guère de doute que cette interdiction répond à des problématiques purement politiques alors que Washington et Pékin se livrent une guerre commerciale féroce. Huawei n’est qu’un argument de plus pour peser dans la balance. Mais aux Etats-Unis, on tombe des nues alors que Donald Trump déclare publiquement qu’il « est possible que Huawei soit même inclus dans un accord commercial ».
Négocier la sécurité nationale
« Si nous faisions un accord, je pourrais imaginer que Huawei pourrait être inclus, sous une forme ou une autre, dans un accord commercial » a expliqué à la presse Donald Trump en marge d’un déplacement présidentiel. Où est donc passé l’argument de la sécurité nationale ? Si Huawei est vraiment une menace, est-il seulement concevable que l’entreprise revienne en grâce par un simple tour de passe-passe diplomatique ? Voici quelques-unes des questions que certains de nos confrères américains se posent.
En filigrane s’invite l’idée que l’exécutif américain ment sur la menace Huawei, qui n’en est pas une mais est utilisée comme un prétexte pour peser dans les négociations avec la Chine. Car, jusqu’à preuve du contraire, un risque pesant sur la sécurité d’un pays ne se négocie pas dans un accord commercial. A moins que soit compris dans ledit accord commercial la promesse des agences de renseignement chinoises de ne plus espionner les Etats-Unis. Ce qui serait au moins autant crédible que le fondement du décret présidentiel.