COVID-19 : la fibre menacée d’extinction

Si le gouvernement a assuré la filière de son soutien et a pris des mesures pour garantir la maintenance des réseaux existants, Infranum s’inquiète de l’absence de réponse politique quant aux activités de production et de déploiement. Pour la fédération, la mise à l’arrêt du plan Très Haut Débit aura des conséquences dramatiques pour le secteur. 

Le réseau tient bon ! Malgré les pics de trafic, aucune panne massive n’est pour l’heure à signaler. Dans une lettre à la filière des infrastructures numériques, Bercy répète que « les réseaux et services de télécommunication sont essentiels à la continuité de la vie de la nation ». Le secteur est donc stratégique et le gouvernement est aux petits oignons avec lui. 

Outre les aides accordées aux entreprises en général, plusieurs mesures spécifiques ont été prises. Ainsi, pour que les entreprises du secteur puissent poursuivre leurs activités, l’exécutif annonce qu’il prendra si nécessaire par ordonnance « des dispositifs dérogatoires pour [leur] permettre de rétablir en urgence des dommages que subiraient les réseaux ». S’y ajoutera un décret facilitant l’import de matériel de protection destinés aux salariés du secteur, tandis que Bruno Le Maire rappelle la légitimité de leurs déplacements en intervention. 

Tout va donc pour le mieux et les réseaux sont sauvés, semble-t-il. Pourtant, Infranum a tiré vendredi dernier le signal d’alarme. Car si le gouvernement garantit les activités de maintenance des infrastructures, il n’en est rien pour leur production et leur déploiement. « Sans la mobilisation totale de tous les acteurs – ensemble de la chaîne logistique sous-jacente (travaux publics, énergie, transport, etc), collectivités donneurs d’ordres et État – la production pourrait tomber à l’arrêt total d’ici la fin du mois de mars, avec une inertie de 12 mois pour remettre le secteur à flot et des conséquences sociales et économiques dramatiques » s’alarme la fédération.

Il faut sauver la fibre

Et pour cause... en cas d’arrêt complet de l’activité au second trimestre, soit la mise entre parenthèse du Plan Très Haut Débit, 20 000 salariés se retrouveraient au chômage technique, quand déjà les adhérents d’Infranum expliquent avoir mis en chômage partiel un employé sur deux. « La machine s’enraye et ce n’est qu’un début… » prévient-elle, insistant sur les milliards d’euros de pertes de chiffre d’affaires, sur les possibles licenciements et sur les difficultés après crise à relancer la production, prévoyant qu’il faudra au moins douze mois pour redémarrer. 

Ce scénario catastrophe peut cependant être évité. Infranum souligne qu’il est possible, en adoptant les mesures nécessaires dans les prochains jours, de limiter les dégâts. L’activité serait maintenue au ralenti et la reprise plus rapide. Donc, in fine, moins de pertes, moins de chômage et par extension, moins de soutien financier de l’Etat une fois l’épidémie derrière nous.

Première demande des entreprises de la filière, des équipements de protection pour les salariés, « à la hauteur de la reconnaissance du caractère essentiel de leur activité ». 

Surtout, à plus long terme, il faut selon Infranum que le gouvernement s’engage financièrement en faveur du maintien puis de la reprise de l’activité. Une aide « vitale pour les centaines voire milliers d’entreprises de petite taille qui travaillent dans l’ombre et qui pour autant composent la filière des infrastructures numériques » plaide la fédération.

Aide qui exige que soit assuré le maintien de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des communications électroniques, comprenant la délivrance de permissions de voirie, le maintien des activités de travaux publics, la fourniture de matériel et la disponibilité de transports à prix régulés.