Deux semaines après que le Pentagone ait préféré Azure à AWS pour son cloud, l’entreprise de Jeff Bezos conteste formellement cette décision, dénonçant « des lacunes évidentes, des erreurs et un parti pris flagrant ».
Fin octobre, le Department of Defense a annoncé, aux termes d’un examen de deux ans, que le contrat JEDI, représentant jusqu’à 10 milliards de dollars sur dix ans, revenait à Microsoft. Ce choix surprenait, AWS, candidat malheureux à l’attribution de ce mirifique contrat, ayant jusqu’alors fait la course en tête. Or, à en croire un ancien résident du Pentagone, cette décision n’a pas été prise de manière impartiale.
Guy Snodgrass, assistant du général James Mattis, Secrétaire à la Défense de janvier 2017 à janvier 2019, rapporte dans un livre qu’à l’été 2018, Donald Trump a contacté James Mattis, lui demandant d’empêcher Amazon de remporter le contrat. L’inimitié entre le Président des Etats-Unis et Jeff Bezos est de notoriété publique. Guy Snodgrass ajoute que la démission de James Mattis en décembre 2018 est autant liée au refus du Secrétaire à la Défense d’enfreindre les règles d’attribution des marchés publics qu’aux positions divergentes de Trump et de Mattis sur la Syrie.
AWS dénonce l’ingérence de la Maison Blanche
Après une période de flottement de deux semaines, Amazon vient de lancer la riposte. Selon le Federal Times, AWS a saisi vendredi la Court of Federal Claims, tribunal fédéral traitant des plaintes relatives aux contrats signés avec le gouvernement. Le géant souligne que « de nombreux aspects du processus d’évaluation de JEDI comportaient des lacunes évidentes, des erreurs et un parti pris flagrant » et entend bien que « ces questions soient examinées et rectifiées ».
Dans une réunion interne, le CEO d’AWS, Andy Jassy, a clairement pointé du doigt les pressions de la Maison Blanche sur l’attribution de JEDI. « Je pense que lorsque vous avez un président en exercice qui est prêt à montrer publiquement son dédain pour une entreprise et son dirigeant, il est très difficile pour les agences gouvernementales, y compris le DoD, de prendre une décision objective sans craindre de représailles » assène-t-il.