Avec l’évolution des technologies, portées par le Cloud, les conteneurs, les data sciences et le développement cross-platform, les métiers sont eux aussi amenés à changer. Malt, plate-forme de mise en relation de freelances et d’entreprises, livre dans son rapport Tech Trend ses observations quant à ces évolutions.
Il n’est pas forcément aisé de savoir, à un instant T, quels sont les besoins IT des entreprises. Quels sont leurs projets ? Quelles sont les technologies du moment ? Quelles sont les compétences les plus recherchées ? Par chance, les sites de recrutement et d’intérim fournissent un panorama assez précis des grandes tendances technologiques au sein des entreprises.
C’est notamment le cas de Malt. Cette plate-forme de mise en relation de freelances et d’entreprises a publié un rapport sur les tendances observées en 2019. Le Malt Tech Trend est riche d’enseignements, et surtout de données. La plate-forme s’appuie sur les offres et les recherches des quelque 40 000 freelances tech inscrits et des 93 000 entreprises en quête de compétences. Des compétences qui, on le notera d’emblée, sont de plus en plus partagées. Selon la plate-forme, on pourrait imaginer « une redéfinition des métiers dans les années à venir ».
Il ressort en effet, de l’étude, des recouvrements entre les différents métiers. Ainsi, près de la moitié des développeurs back-end déclarent être également front-end. Les frontends de leur côté, tendent vers le métier d’intégrateur, avec des compétences relatives à l’UX et au design. Malt explique que, du fait de la complexification croissante du frontend, les développeurs ont recours de plus en plus à des « méthodes de travail et d’industrialisation » jusqu’alors propres aux back-end, à l’instar des tests automatisés, des builds, de logiques de programmation client-serveur… « En ce sens, les méthodes se sont rapprochées mais nécessitent désormais une connaissance plus approfondie sur un plus grand nombre d’outils, ce qui a au contraire creusé le fossé avec les développeurs back-end », signale l’étude.
Du mobile multi plate-forme
Les développeurs sur mobile sont eux aussi de plus en plus front-end, ce qui s’explique en grande partie par l’émergence de frameworks cross plates-formes à l’instar de React ou de Flutter. Ils sont un peu moins à se dire back-end, conséquence de la montée des langages back-end dans le développement d’applications métier.
À ce titre, l’étude fournit quelques informations intéressantes sur la montée en puissance de Kotlin, un langage de programmation orienté objet et fonctionnel, développé par JetBrains et qui se veut le successeur d’un Java en perte de vitesse. Il est surtout particulièrement soutenu par Google, qui le supporte pour le développement d’applications Android. D’autant que Spring, un des frameworks dominants du développement web, améliore sa compatibilité avec Kotlin. À en croire Malt, son adoption a fait en 2019 un bond de 122%, qui le place au 34ème rang des langages les plus utilisés. Le Java, s’il demeure 2ème derrière le PHP, enregistre pour sa part un recul de 10%. React Native et React.js poursuivent quant à eux sur leur lancée, avec environ 20% de progression l’an dernier. À noter qu’un autre framework Javascript, Vue.js, vient chatouiller la part de marché de React. Il arrive en 12e position du classement, gagnant trois places avec une croissance de 50%. Pendant ce temps, Angular est à la baisse.
Néanmoins, sur le développement cross plate-forme, Malt appelle à la prudence. Si les technologies, notamment les frameworks, sont aujourd’hui matures, les coûts de développement risquent en effet d’exploser, quand bien même cette approche est supposée les réduire. En effet, le cross plateforme pur et dur implique de renoncer à la personnalisation poussée pour chaque OS. Et alors que la démarche suppose de développer une seule fois une application native à plusieurs plates-formes, c’est très rarement le cas : « Il faudra toujours faire des adaptations spécifiques en fonction de chaque OS pendant le développement », note Malt. Or, pour peu que ces personnalisations soient poussées, les coûts et durées de développement pourraient bien grimper. Et Malt de citer le choix de Airbnb qui est revenu du développement cross-platform.
Des compétences partagées et plus ciblées
Du côté des adminsys, c’est le festival des métiers. Administrateurs de bases de données, ingénieurs virtualisation ou Cloud, cybersécurité… Et pour cause, « on voit de moins en moins de gestion de parcs informatiques, de parcs de serveurs », nous explique Hugo Lassiège, le CTO de Malt. « L’offre est de plus en plus orientée service. Les compétences que cela suppose sont complètement différentes de celles demandées il y a quelques années.» Une tendance qui n’est pas toute jeune, mais qui se confirme : l’administrateur système est devenu le couteau suisse de l’IT en entreprise. Le Tech Trend fournit en outre un Quadrant, graphique présentant quatre catégories de technologies. On y trouve les trendy, soit des technologies dont les compétences relatives sont très recherchées. React, Python, Node ou encore Swift y occupent une bonne place, mais les technologies touchant au Cloud y sont aussi installées : Docker, Kubernetes, AWS, Azure… Le Cloud se retrouve également dans les technologies montantes. Google Cloud, Terraform y figurent, aux côtés de nouveaux langages et frameworks, à l’instar de Kafka, Dart ou encore du Serverless. Les technologies établies sont quant à elles celles qui sont bien installées, avec un fort volume de demande quoiqu’en baisse. Les sempiternelles PHP, Java, Javascript, Drupal et Wordpress en font partie, de même que Android et iOS. Enfin, les technologies menacées, dont Hadoop, Delphi, Neo4J, NoSQL ou encore Mongo DB, sont de moins en moins demandées, soit en perte de vitesse, soit de niche.
Les technologies qui montent
Kubernetes massivement adopté
Globalement, parmi les compétences les plus courantes, PHP et MySQL sont utilisés par l’ensemble des métiers et reviennent le plus fréquemment. Suivent JavaScript, Python, Git, HTML ou encore Linux. À l’exception du kernel open-source, on retrouve ainsi sans surprise « une panoplie assez complète pour la programmation, la gestion de base de données et le versionning, remplissant tous les besoins essentiels pour le développement d’applications». Il est également intéressant de se pencher en détail sur le Cloud Computing. Sans grande surprise, AWS est le plus recherché, talonné par Azure tandis que Google Cloud progresse : GCP enregistre la plus forte croissance parmi les trois grands Cloud providers. Surtout, Kubernetes continue de faire des émules, 22% de croissance en 2018, 44% en 2019. Contrairement à ce que l’on peut entendre chez ses détracteurs, l’adoption de l’orchestrateur de conteneurs, et plus largement des conteneurs, croît fortement en entreprise. D’autant que quasiment tous les Cloud providers fournissent une offre de Kubernetes managé. GKE chez Google Cloud, évidemment, AKS sur Azure, EKS chez AWS mais aussi OpenShift de Red Hat, PKS chez Pivotal… Sans oublier les Français, à l’instar de Kapsule chez Scaleway et OVH Kubernetes.
En revanche, du côté du Function as a Service, si l’adoption va croissante, les compétences quant à Lambda, au Serverless et aux Functions restent peu demandées mais sont susceptibles d’exploser à l’instar des conteneurs et de Kubernetes ces dernières années. Autre tendance forte, les langages et bibliothèques employés pour les data sciences ont le vent en poupe. Scikit-learn, une bibliothèque libre Python dédiée au Machine learning, est quatre fois plus adopté en 2019 qu’en 2018. Idem pour MatLab, qui progresse de 303%.