Les donnĂ©es personnelles pourront continuer Ă circuler librement de part et dâautre de la Manche, lâUE ayant jugĂ© le niveau de protection offert par la loi britannique adĂ©quat. Mais entre les projets de modification de la lĂ©gislation en la matiĂšre, les accords du Royaume-Uni avec les Etats-Unis et ses exemptions dĂšs lors que les sujets touchent Ă lâimmigration ou la sĂ©curitĂ© nationale, lâadĂ©quation pourrait bien faire long feu.
AprĂšs lâentrĂ©e en vigueur du Brexit, quasiment rien ne changeait du point de vue des transferts de donnĂ©es personnelles entre lâUE et le Royaume-Uni. Le cadre europĂ©en devait rester appliquĂ© outre-Manche lors des six mois suivant la sortie de la Grande-Bretagne. Soit jusquâau 1er juillet. AprĂšs quoi, faute dâaccord allant dans le sens dâune autorisation gĂ©nĂ©rale des transferts de donnĂ©es vers le sol britannique, tout transfert serait considĂ©rĂ© comme Ă©tant effectuĂ© vers un pays tiers, avec toutes les obligations que cela implique.
En fĂ©vrier dernier, la Commission europĂ©enne publiait un projet de dĂ©cision dâadĂ©quation. En dâautres termes, elle reconnaissait que la lĂ©gislation britannique offrait un niveau de protection des donnĂ©es personnelles similaire Ă celui du RGPD. En effet, les rĂšgles actuelles de lâautre cĂŽtĂ© de la Manche sont calquĂ©es sur le cadre europĂ©en. En avril, le CEPD, organisme rĂ©unissant les gendarmes europĂ©ens des donnĂ©es personnelles, a donnĂ© son feu vert au texte.
AdĂ©quat, maisâŠ
Qui est dĂ©sormais validĂ© par les 27 du Conseil europĂ©en, signe que lâentrĂ©e en vigueur de cette dĂ©cision dâadĂ©quation est proche et que, globalement, rien ne devrait changer du point de vue des transferts de donnĂ©es personnelles. A moins que la Grande-Bretagne ne dĂ©cide de suivre lâavis dâun comitĂ© dâexperts missionnĂ© par le gouvernement de Sa MajestĂ© et ne modifie la loi, ce qui pourrait amener les institutions europĂ©ennes Ă revoir leur position.
Dâautant que la validation du CEPD Ă©tait nuancĂ©e, des nuances reprises par le Parlement europĂ©en Ă une trĂšs courte majoritĂ© dĂ©but juin. Les Cnil europĂ©ennes considĂ©raient en effet quâil existait outre-Manche des risques aussi bien de surveillance de masse que de transferts vers des pays tiers du fait dâaccord internationaux. La rĂ©solution des eurodĂ©putĂ©s pointe ainsi que le rĂ©gime britannique permet, pour des raisons dâimmigration ou de sĂ©curitĂ© nationale, un accĂšs indiscriminĂ© aux donnĂ©es.
Pire encore, le Parlement sâinquiĂšte de futurs transferts de donnĂ©es entre la Grande-Bretagne et des pays tiers, en tĂȘte desquels les Etats-Unis. Ce qui implique que « les donnĂ©es des citoyens de l'UE pourraient ĂȘtre partagĂ©es outre-Atlantique, malgrĂ© les rĂ©centes dĂ©cisions de la Cour de justice europĂ©enne qui ont jugĂ© les pratiques amĂ©ricaines d'accĂšs et de conservation en masse des donnĂ©es incompatibles avec le RGPD ».