Le nouveau CNNum sera co-dirigé par Gilles Babinet et Françoise Mercadal-Delasalles.
Exit les développeurs, bye bye les startupers. La nouvelle composition du Conseil National du Numérique a été annoncé le 11 février par le gouvernement. Y siègent une majorité de chercheurs et de professeurs dans des domaines variés, mais presque aucun informaticien. En effet, le nouveau CNNum se veut un antidote "au solutionnisme technologique", avec un accent mis sur le numérique comme sujet de société.
On se rappelle que la formation du dernier CNNum ne s'était pas faite sans heurt,s avec la démission en 2017 de Marie Ekeland, sa présidente à peine nommée, et de son équipe, sur fond de dissension avec le gouvernement au sujet du rôle de l'organisation et de certaines nominations polémiques. Six mois après la crise, le CNNum renaissait de ses cendres, avec Salwa Toko à sa tête et le grand retour de Gilles Babinet, son tout premier président. La formation était alors composée à quasi-egalité de personnalités issues du numérique et d'autres de l'académie, tandis que des entrepreneurs et des associatifs complétaient l'ensemble.
Ce bel équilibre a été jeté aux orties pour constituer le nouveau CNNum, dévoilé le 11 février par Bercy. La balance penche désormais résolument en faveur du monde académique, surreprésenté dans cette promotion 2021. Un seul informaticien, Gilles Dowek, figure dans cette liste de 21 noms. Car le gouvernement, de l'aveu d'Antoine Darodes, directeur de cabinet de Cédric O, entend inscrire le progrès sociétal en tête des priorités du CNNum, en faire « un antidote au solutionnisme technologique ». On y trouve toutefois quelques représentants du monde de l'entreprise, avec la présence de Elisabeth Grosdhomme, directrice d'une société de conseil, et de Tatiana Jama, patronne de la startup levia.ia. Comme en 2019, plusieurs parlementaires font partie du collège : les députés Jean-Michel Mis et Constance Le Grip, ainsi que le sénateur Patrick Chaize, qui y siègent depuis deux ans, sont rejoints par Martine Filleul, sénatrice. Le directeur de la rédaction de la revue Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix, ainsi que le journaliste Jean-Marc Vittori complètent le panel.
Un Conseil académique
Le reste des membres du CNNum sont des chercheurs, des enseignants ou des juristes, avec les deux avocats Adrien Basdevant et Jean-Pierre Mignard. La philosophe Anne Alombert, la psychologue et linguiste Justine Cassell, l'anthropologue du numérique Rahaf Harfoush, Olga Kokshagina, chercheuse en management de l'innovation, Dominique Pasquier, directrice de recherche au CNRS, le fondateur d'OPTIC Eric Salobir, le psychiatre Serge Tisseron et l'économiste Joëlle Toledano rejoignent ainsi le CNNum.
Ce dernier est co-presidé par l'inamovible Gilles Babinet et par Françoise Mercadal-Delasalles, la DG du Crédit du Nord, tandis que Jean Cattan, ex-conseiller du patron de l'Arcep, assurera le secrétariat général du CNNum.
« Cette dissonance entre la vitesse de transformation de cette technologie et notre capacité à la comprendre, à la digérer, peut créer des malaises et des fractures » souligne Françoise Mercadal-Delasalles, ajoutant que la mission du CNNum sera de réfléchir à ces sujets et à déterminer comment faire profiter au mieux la société et l'humain de la transformation numérique.