Le projet de Laurent Chemla pointe le bout de son nez. Caliopen, agrégateur de messagerie décentralisé et sensible aux questions de vie privée et de confidentialité est passé en version alpha fin octobre et connaît cette semaine sa première mise à jour.
Après de longues années de maturation et de développement, Caliopen est passé en alpha publique il y a deux semaines. Si le nom Caliopen ne vous évoque rien, peut-être celui de Laurent Chemla sera plus parlant. Le co-fondateur de Gandi et "dangereux libriste" porte depuis 2013 le projet d’un outil centralisant l’intégralité de la correspondance privée d’un internaute. « Une seule timeline, une liste de contacts unifiée et vos recherches simplifiées pour gérer l’ensemble de votre vie privée » : Caliopen.
Soit, dans une unique interface, « les messages privés applicatifs (Twitter, Facebook), le courrier électronique, la messagerie en direct, les SMS ». Le tout avec quelques outils pour gagner en ergonomie, à l’instar d’une fonction de recherche, une autre de tri et de filtres… Mais le premier point central du service, c’est bien la confidentialité. Alors non, Caliopen n’est pas une messagerie chiffrée, ni un outil de chiffrement des communications. Il s’agit d’un agrégateur de « correspondance privée » qui renseigne ses utilisateurs et utilisatrices sur leur niveau de confidentialité.
PI Confidential
Pour ce faire, Caliopen propose un Privacy Index (PI), calculé pour chaque message, chaque contact et chaque terminal de l’utilisateur. Dans une interview de Laurent Chemla fin 2015, celui-ci nous décrivait sa vision quant au « niveau général de confidentialité d’un compte utilisateur ». Celui-ci va dépendre de divers facteurs liés par exemple au terminal utilisé, à son comportement, à celui de ses contacts, etc.
« Il peut améliorer ces éléments, par exemple en refusant de recevoir des messages d’utilisateurs dont le niveau de confidentialité est trop faible. Il peut se créer une clé publique, penser à se déconnecter plus souvent… Toutes ces choses-là vont augmenter son niveau de confidentialité et, encore une fois, il ne s’agit pas que d’outils techniques ». Force est de constater que cette ligne n’a pas changé en deux ans.
Décentralisation
Entre temps a été lancé Mastodon, un Twitter-like décentralisé. S’il n’a aucun lien avec Caliopen, il permet de mieux comprendre le projet porté par Laurent Chemla. Car l’autre point central de l’agrégateur, c’est la décentralisation (pour un service permettant de centraliser sa correspondance, vous suivez ?). « Dans mon esprit, le service idéal, ce sont 10 000 instances CaliOpen gérant chacun 100 000 ordinateurs » nous expliquait le co-fondateur. Objectif : rendre beaucoup plus complexe et coûteuse la surveillance de masse.
En deux semaines d’alpha, « plusieurs centaines de personnes ont essayé notre outil » annonce l’équipe de Caliopen sur son blog. Les retours ont permis d’apporter quelques améliorations au service, ainsi que la correction de plusieurs bugs. « L’objectif de l’alpha est donc atteint sur ce point, mais si vous voulez vous aussi devenir un alpha testeur et vous faire une idée ou nous faire part de votre avis, vous pouvez encore vous inscrire et contribuer car nous avons prévu d’ouvrir plus largement cette alpha dans les jours qui viennent » écrit encore l’équipe.