Après Siemens IT, Xerox ITO et Bull, l’ESN dirigée par l’ancien ministre Thierry Breton veut mettre la main sur le spécialiste de la carte à puce pour créer un leader de l’identité numérique et de la cybersécurité.
Atos a officialisé lundi soir une offre d’achat, en numéraire (cash et emprunt), de la totalité des titres Gemalto au prix de 46€, soit une prime de 42% par rapport au cours de vendredi ce qui représente la somme de 4,3 milliards d’euros. L’offre peut paraître généreuse mais l’action Gemalto a chuté précisément de 42% depuis le 1er janvier.
Le projet d’OPA a été transmis fin novembre au conseil d’administration de Gemalto au moment même où le spécialiste de la carte à puce annonçait un plan de suppressions d’emploi : 600 au niveau mondial dont 288 en France. Les activités traditionnelles de Gemalto, cartes SIM et cartes bancaires, sont en recul et le marché américain pourtant récemment converti à la carte à puce s’avère décevant. L’activité eSIM (SIM embarquée dans les terminaux) n’en est elle qu’à ses débuts : Gemalto vient d’annoncer qu’elle va fournir la solution eSIM pour le nouveau modèle LTE Advanced Surface Pro Microsoft. A signaler que le plus important actionnaire actuel de Gemalto est la banque publique Bpifrance (8,28%).
Quant à l’ESN Atos (13 milliards d’euros de CA annuel contre 3 pour Gemalto) elle nous a habitué depuis que l’ancien ministre Thierry Breton la dirige (2008) aux opérations d’envergure : la reprise en 2010 des activités informatiques de Siemens (33000 salariés), puis en 2014 le rachat de Bull (9300 salariés) et de Xerox ITO (9600 salariés). Des opérations à chaque fois de plusieurs centaines de millions d’euros.
Un leader des technologies de la cybersécurité et de la sécurité nationale
Déjà présent sur le marché du paiement électronique (avec Worldline), Atos deviendrait avec le renfort des activités de Gemalto un acteur européen de référence pour les services de paiement. Mais le groupe vise surtout à créer un leader mondial des technologies et services de cybersécurité et de sécurité nationale dont le chiffre d’affaires annuel serait d’environ 1,5 milliard d’euros. Et aussi à proposer une offre renforcée dans l’Internet des objets et les solutions machine-to-machine.
« Nous sommes convaincus que le rapprochement de nos deux groupes permettrait d’asseoir une position de leader mondial en cybersécurité, technologies digitales et services numériques, et de renforcer nos positions d’acteur européen de référence des services transactionnels de paiement électronique, a déclaré Thierry Breton suite à l’annonce de cette OPA présentée par « amicale » par Atos. Dans son projet industriel et sa proposition de valeur, Atos a pris en compte les intérêts de l’ensemble des parties prenantes des deux Groupes, actionnaires, salariés et clients, qui bénéficieront tous du projet amical proposé. Atos dispose d’une expérience reconnue dans l’intégration réussie du management, des équipes et des métiers.»
En avril 2016, Thierry Breton inaugurait avec Emmanuel Macron (alors ministre de l'Économie) le supercalculateur Bull Sequana.