Si les cartes de débit Payoneer sont on ne peut plus légales, elles peuvent faciliter la fraude fiscale en compliquant le travail du fisc. Airbnb a accepté sur demande des ministres de l’Économie et de l’Action et des Comptes publics de retirer ce moyen de paiement qu’il proposait aux hébergeurs.
Alors que la réponse d’Airbnb à la mise en demeure de la Mairie de Paris est toujours attendue, la plateforme se conforme aux exigences des autorités françaises sur le terrain des paiements. Emmanuel Marill, le directeur France d’Airbnb, était reçu lundi par Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Au programme de cette rencontre, la carte prépayée Payoneer.
Proposée aux hébergeurs parmi les modes de versement, celle-ci est émise par la société éponyme, dont le siège européen est installé à Gibraltar. « Payoneer vous permet d'être directement payé sur une carte de débit prépayée MasterCard Payoneer » note Airbnb sur son site. Versement donc des locations sans passer par un compte en banque. La carte peut être demandée en ligne, ne demandant que le numéro du passeport du demandeur. Ensuite les titulaires de la carte Payoneer ainsi chargée grâce aux locations Airbnb peuvent l'utiliser pour des retraits (mais les frais sont élevés) ou des achats en ligne ou en boutique physique comme n'importe quelle carte Mastercard.
Du fait de son fonctionnement, ce mode de paiement assez ancien, mais dénoncé dernièrement par des hôteliers relayés par la presse, inquiète Bercy : il serait fort compliqué pour notre fisc national de contrôler les versements effectués sur cette carte et par extension les revenus locatifs. Répondant à ces craintes de fraude fiscale, « le directeur France d’Airbnb s’est engagé à ce que l’entreprise renonce à toute utilisation de la carte prépayée « Payoneer » sur le marché français » explique les deux ministres dans un communiqué.
Légal mais tendancieux
« Cette décision responsable permet d’écarter toute opportunité de fraude ouverte par l’utilisation de ce mode de paiement » ajoutent-ils. De son côté, Airbnb souligne dans un communiqué que « l'ensemble des moyens de paiements disponibles sur Airbnb pour les hôtes, notamment Payoneer, sont légaux et bénéficient des autorisations nécessaires pour opérer en France ».
Mais plutôt que d’entrer en conflit avec le gouvernement pour une carte que « moins de 1% des hôtes en France détiennent », la plateforme choisit de retirer Payoneer des options de versement disponibles pour les hébergeurs français. Bercy en profite pour rappeler que les plateformes ont l’obligation d’informer leurs loueurs qu’ils doivent déclarer leurs revenus locatifs, avant que ce soit les plateformes elles-mêmes qui déclarent lesdits revenus versés aux hébergeurs à compter de 2019.