Quelques jours après la nomination de sa nouvelle équipe, le Conseil National du Numérique perd de nouveau la tête. Le départ forcé de Rokhaya Diallo et la polémique sur les nominations de ses membres ont poussé Marie Ekeland à démissionner. Aux yeux du secrétaire d’État au numérique, le CNNum doit être « proche du gouvernement ».
Qu’elle est amère, la publication de Marie Ekeland sur le site du CNNum. La nouvelle présidente du Conseil s’était en effet fixée de grands objectifs, reflétés par une équipe jouant la carte de la diversité. Mais certaines nominations ont provoqué l’ire bruyante de quelques personnes : la présence de la militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo et du rappeur Axiom est restée en travers de la gorge de certains et certaines.
Conclusion, une semaine après sa nomination, le gouvernement obtient le départ de Rokhaya Diallo au nom de la « sérénité » dont a besoin le Conseil pour travailler, dixit Mounir Mahjoubi. Les conditions de cette sérénité ont-elles été remplies après que la militante ait été écartée ? Certainement pas, puisque Marie Ekeland annonce ce matin sa décision.
« L’enseignement de cette semaine est clair : le projet que j’ai porté d’ouverture, d’indépendance de pensée et de diversité, a été mis à l’épreuve dès le démarrage. Je ne vois pas aujourd'hui, comment continuer à le porter en maintenant son essence et de bonnes chances de réussite » écrit la désormais ex-présidente du CNNum. Elle explique avoir présenté sa démission au secrétaire d’État au Numérique « afin de laisser la place à une autre vision au CNNum ».
Le CNNum doit-il être « proche » du gouvernement ?
Le constat de ces quelques jours à la tête du CNNum est amère. « La forme actuelle de nomination et de fonctionnement du CNNum portent à confusion et ne peuvent pas garantir son indépendance » déplore Marie Ekeland. Si l’équipe de cet organisme a été composée par ses soins, c’est le Premier ministre qui la nomme. D’où la dimension politique prise par ces nominations.
Demain est un autre jour.https://t.co/4IQJbAqcOZ
— Marie Ekeland (@bibicheri) 19 décembre 2017
Réaction de Mounir Mahjoubi : « le CNNum doit être proche du gouvernement pour nous orienter, et le gouvernement lui fait confiance sur ces sujets. Ce n'est pas une force d'opposition, même si conseiller peut signifier dire quand ça ne va pas. C'est cet équilibre subtil qui a été cassé » explique au Figaro le secrétaire d’État au Numérique. La polémique née des nominations aurait rendu le CNNum « inaudible ».
Reste désormais à savoir si l’ensemble de l’équipe se verra montrer la sortie. Pierre-Yves Geoffard a d’ores et déjà fait savoir qu’il démissionnait lui aussi. La nouvelle composition devrait être connue avant le 31 décembre. Elle sera « faite d'experts du numérique. Elle aura aussi une plus grande représentativité des quartiers, de la ruralité » insiste Mounir Mahjoubi. « Je ne vois aucune crise de confiance à ce sujet ».
MàJ 19/12 16h00 : Preuve qu'il n'y a « aucune crise de confiance » avec le CNNum, 20 des 30 membres (29 en réalité après la démission de Marie Ekeland) viennent d'annoncer leur démission. C'est donc sans Aymeril Hoang, Benoit Thieulin, Eric Carreel, Françoise Mercadal-Delasalles, Gaël Duval, Pascal Daloz, Célia Zolynski, Antoine Petit, Frédérick Douzet, Godefroy Beauvallet, François Taddei, Michèle Sebag, Pierre-Yves Geoffard, Amandine Brugière, Claude Terosier, Dominique Dron, Hicham « Axiom » Kochman, Jean-Marc Merriaux, Xavier Duportet, Flore Vasseur, Margault Phelip et Nadège Guiraud que se poursuivra l'aventure. Rokhaya Diallo fait elle aussi partie de la liste des démissionnaires, quoique déjà dirigée vers la sortie. Et certains se demandent si le CNNum survivra à ce qui n'est pas de toute évidence, une simple crise.