Altice Europe et Altice USA feront chambre à part

Le groupe de Patrick Drahi annonce une importante réorganisation : un spin off de sa branche américaine, qui poursuivra son existence indépendamment d’Altice NV, bientôt renommée Altice Europe. Ou une séparation du bon grain de l’ivraie ?

Restructuration à venir dans l’empire Drahi. Altice annonce par communiqué une opération visant la scission des activités américaines de celles du reste du groupe. Cela se concrétisera par la mise en place de deux structures distinctes, d’un côté Altice USA et de l’autre Altice Europe. Pour autant les entités séparées resteront sous le contrôle de Patrick Drahi, qui les présidera toutes deux.

Cette réorganisation donnera lieu à un spinoff, une réorganisation secondaire d’actions. Avant l’opération, Altice USA accordera un super-dividende de 1,5 milliard de dollars à ses actionnaires, dont Altice NV, future Altice Europe, propriétaire à 67,3% de la filiale américaine. Ce faisant, Altice USA épongera à hauteur de 900 millions d’euros la dette abyssale de la maison-mère européenne.

Puis les actionnaires d’Altice NV se verront proposer des actions Altice USA. La nouvelle entité américaine, indépendante, fera son chemin de son côté, tandis qu’Altice NV deviendra Altice Europe. La première englobera les opérateurs américains Suddenlink et Cablevision et éventuellement Charter si le groupe parvient à racheter ce concurrent d’Altice USA.

Drahi reste au sommet de la pyramide

Altice Europe, pour sa part, sera subdivisée en trois entités, Altice France, rassemblant SFR et les activités média du groupe, Altice International, avec les actifs portugais, israéliens et dominicains d’Altice, et Altice Pay TV, filiale aux contours assez flous dont on sait seulement qu’elle sera dédiée à la télévision payante. Dexter Goei restera à la tête d’Altice USA tandis que le Néerlandais Dennis Okhuijsen prendra les commandes d’Altice Europe. Mais tous deux devront rendre des comptes à leur grand patron, Patrick Drahi.

L’opération devrait être bouclée d’ici à la fin du deuxième trimestre 2018. Son objectif : séparer la prospère filiale américaine de la maison-mère européenne fortement malmenée. Aux USA, la branche d’Altice est endettée mais ses marges progressent et son action, quoique ayant perdu 30% de sa valeur après son introduction, a légèrement remonté après l’annonce de la réorganisation.

Mais de notre côté de l’Atlantique, c’est un autre son de cloche. Altice s’est effondré en bourse, Michel Combes a fait les frais des mauvais résultats de SFR et, malgré le retour de Patrick Drahi et de sa garde rapprochée aux commandes, la vapeur n’a pas l’air de s’inverser. Le groupe se sépare d’actifs non stratégiques, d’abord en Suisse mais la République Dominicaine devrait suivre. Et le nouvel ensemble Altice Europe semble se trouver bien dépendant de la situation de sa branche française.