C’est peut-être l’ultime rebondissement de cette affaire qui passionne depuis novembre. Après deux offres rejetées avec plus ou moins de vigueur par Qualcomm, Broadcom s’est finalement vu opposé une fin de non recevoir de la part du Président des Etats-Unis en personne. Par décret, celui-ci bloque tout projet d’acquisition du fabricant de semi-conducteurs américain par le groupe actuellement basé à Singapour.
Début novembre, la rumeur prêtait à Broadcom des envies de Qualcomm. Information confirmée par le dépôt d’une offre non sollicitée du premier sur le second, le géant basé à Singapour proposant 130 milliards de dollars, dette comprise, pour mettre la main sur le fabricant américain de semi-conducteurs. Dans les jours qui suivent, Broadcom essuie un premier refus mais revient à la charge en février.
Cette fois-ci, il met 145 milliards sur la table, le plus gros chèque de la jeune histoire de l’IT. A nouveau la direction de Qualcomm refuse, tout en laissant la porte ouverte à des discussions avec l’offreur. Tant et si bien que devait être discutée lors de l’assemblée générale des actionnaires de Qualcomm, le 23 mars, l’arrivée au conseil d’administration de six candidats (sur 11 membres) soutenus par Broadcom, quand bien même la direction de Qualcomm appelait les actionnaires à ne « pas élire les administrateurs proposés par Broadcom ».
Mais cette prise de contrôle n’aura pas lieu… Dans un décret en date du 12 mars, Donald Trump interdit le rachat de Qualcomm par Broadcom et disqualifie les 15 candidats du Singapourien au conseil d’administration de l’Américain. « Le projet de rachat de Qualcomm par l'Acheteur est interdit, et toute fusion, acquisition ou prise de contrôle essentiellement équivalente, qu'elle soit effectuée directement ou indirectement, est également interdite » écrit le Président des Etats-Unis.
Intervention présidentielle
Une décision prise au nom de la sécurité nationale, ce rachat étant de nature à « menacer de lui porter atteinte ». Donald Trump appuie son décret sur les conclusions du rapport du Comité des Etats-Unis sur les investissements étrangers (Committee on Foreign Investment in the United States). Celui-ci signalait en effet qu’un rachat de Qualcomm serait susceptible d’affaiblir le fabricant et de retarder ses travaux sur la 5G, ce qui laisserait à d’autres Etats, au premier rang desquels la Chine, la possibilité de déterminer les standards de la nouvelle génération de technologies mobiles.
L’affaire pourrait très bien ne pas s’arrêter là si Broadcom choisissait d’attaquer le décret en justice. Dans un communiqué pour le moins laconique, l’entreprise indique « examiner le décret » et être « fortement en désaccord avec le fait que son projet d'acquisition de Qualcomm soulève des préoccupations en matière de sécurité nationale ». On peut également se demander si, à cause de cette intervention du POTUS, Broadcom maintiendra son projet de se relocaliser aux Etats-Unis.
Pour aller plus loin, L'Informaticien n°162 vous propose une enquête "Qualcomm, ange ou démon de la 5G".