La justice américaine approuve la fusion AT&T - Time Warner

Presque deux ans après avoir annoncé leur projet de rapprochement, AT&T et Time Warner vont pouvoir fusionner. La justice fédérale a donné son feu vert à cette opération à 85,4 milliards de dollars qui hérisse l’administration Trump : le ministère de la Justice pourrait faire appel de cette décision.

L’opération a été annoncée en octobre 2016 : AT&T s’offrait Time Warner pour la modique somme de 85,4 milliards de dollars. Ce qui place ce rachat dans le Top 5 des plus grosses acquisitions réalisées dans les secteurs des télécoms et des médias. Ce projet s’inscrivait dans une tendance lourde : opérateurs télécoms et autres grands de la tech aux Etats-Unis, à l’instar d’Amazon ou  Google, se lancent dans les contenus.

Dès son annonce, le deal a trouvé un adversaire de poids : le candidat à la présidentielle Donald Trump Il ne s’agissait pas tant de s’inquiéter pour l’impact de la fusion sur le consommateur que de taper joyeusement sur CNN, propriété de Time Warner, dont la couverture de sa campagne ne convenait pas au futur président des Etats-Unis. Fin 2017, ce sont les autorités de la concurrence qui attaquaient l’accord, estimant qu’il serait dommageable pour le consommateur américain.

En effet, AT&T, géant de la téléphonie, d’Internet et du câble, livre la télévision à 25 millions de foyers. De son côté, Time Warner est un monstre des médias, détenant CNN, HBO, Warner Bors… Le Department of Justice et les régulateurs indiquaient craindre que cette opération puisse aboutir, faute d’une réelle concurrence, à une surfacturation des contenus par AT&T.

Libéral sur les réseaux, conservateur sur CNN

Mais la justice n’a pas suivi cette argutie, le juge de district Richard Leon estimant dans son verdict, rendu hier, que le ministère de la Justice ne présentait pas de preuve suffisante des effets négatifs du rachat sur les citoyens. Il a par ailleurs appelé le régulateur à ne pas entraver le marché, sous-entendu à ne pas faire appel de son jugement.

Ce qui paraît néanmoins improbable puisque l’accord ouvre la porte à la multiplication de ce type d’opérations d’intégration verticale (Comcast attendait d’ailleurs ce verdict pour surenchérir sur la 21th Century Fox). Si l’administration Trump devait admettre ce revers, il sera dès lors plus improbable encore qu’elle se lance à nouveau dans des procédures vouées à l’échec contre des fusions du même genre.