D’un côté, un contrat à 20 millions de dollars avec le bureau de l’immigration américaine, de l’autre une levée de boucliers contre la politique migratoire de Trump. Au milieu, Microsoft, tiraillé entre le business et l’indignation que partagent nombre de géants de l’IT.
Alors que la quasi-totalité de la tech américaine est vent debout contre la politique migratoire de l’administration Trump, Microsoft marche sur des œufs. L’éditeur multiplie les déclarations sur son opposition à la politique de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) consistant à séparer les enfants de leurs parents à la frontière. Satya Nadella l’a dénoncé dans un mail aux employés de Redmond, Brad Smith, le président de Microsoft est quant à lui revenu sur les diverses actions philantropiques de l’éditeur à l’égard des enfants.
Il est en effet crucial pour Microsoft d’éteindre le départ de feu. Car Redmond compte parmi ses clients nul autre que l’ICE. « Je veux être clair : Microsoft ne travaille pas avec le gouvernement américain sur les projets liés à la séparation des enfants de leurs familles à la frontière. Notre engagement actuel dans le nuage avec l’ICE supporte le client mail historique, l’agenda, la messagerie et les charges de travail de gestion de documents » assure le patron du géant dans ce mail.
Manque de chance, en janvier Microsoft se félicitait sur son blog Azure de compter parmi ses clients plusieurs administrations fédérales, en l’occurrence l’US Air Force et l’ICE. Et l’éditeur écrivait noir sur blanc à propos de sa collaboration avec le bureau en charge de l’immigration qu’avec Azure Government, les employés de l’ICE seront en mesure « d’utiliser des capacités d'apprentissage en profondeur pour accélérer la reconnaissance faciale et l'identification »… ça fait tache.
Pétition
D’autant que Microsoft a entre temps supprimé puis remplacé ladite publication. Ce qui n’est pas passé inaperçu, contraignant Microsoft à revenir à la version originale. Dans son mail, Satya Nadella rappelle qu’il est lui aussi un immigrant et un père, et que cette nouvelle politique « est simplement cruelle et abusive », « détestable » même. Une opinion partagée également par Tim Cook, qui la qualifie de « inhumaine », par Sheryl Sandberg, pour qui elle est « insupportable » ou encore Sundar Pichai, qui écrit : « les histoires et les images de familles séparées à la frontière sont déchirantes ».
Une lettre signée par une centaine d’employés de Microsoft demande la rupture du contrat avec l’ICE, un contrat estimé à 20 millions de dollars par an. « Nous faisons partie d'un mouvement grandissant, composé de nombreux intervenants de l'industrie qui reconnaissent la grave responsabilité que doivent assumer ceux qui créent une technologie puissante pour s'assurer que ce qu'ils construisent est utilisé pour le bon et non pour le mal » écrivent-ils. Voilà qui n’est pas sans rappeler un ou deux cas similaires…