C’est une nouvelle guerre des brevets qui semble s’engager. Teradata a en effet déposé une plainte contre SAP, l’accusant d’avoir « détourné sa précieuse propriété intellectuelle » en leurrant l’éditeur dans une co-entreprise. Les secrets commerciaux dérobés ont servi à développer HANA, selon Teradata, qui reproche également au géant de l’ERP ses pratiques anti-concurrentielles.
HANA est-elle née de la violation de la propriété intellectuelle de Teradata ? Le spécialiste du datawarehouse et de l’analyse de données l’affirme et a déposé une plainte contre SAP auprès du tribunal du district nord de Californie. Et il ne mâche pas ses mots, accusant le géant des ERP d’avoir dérobé ses secrets commerciaux et de mettre en œuvre une stratégie anti-concurrentielle.
En 2008, « SAP a tiré parti de sa position dans les applications ERP pour attirer Teradata dans une prétendue coentreprise afin d'avoir accès à la précieuse propriété intellectuelle de Teradata » écrit le plaignant. Le projet consistait à intégrer l’ERP de SAP et les technologies de datawarehousing de Teradata. Mais aux yeux de ce dernier les intentions de son « partenaire » étaient tout autre.
« SAP a ensuite volé les secrets commerciaux de Teradata (accumulés par Teradata au cours de quatre dernières décennies sur le terrain de l’Enterprise Data Analytics and Warehousing), et les a utilisés pour développer et introduire rapidement un produit concurrent (mais inférieur) : SAP HANA. Après la sortie de son nouveau produit, SAP a rapidement mis fin à la coentreprise des parties » dénonce Teradata.
Les clients ERP « bloqués » avec SAP
Mais l’affaire ne s’arrête pas à la seule violation de propriété intellectuelle, puisque le géant de l’ERP en a profité pour pénétrer le marché de l’EDAW (Enterprise Data Analytics and Warehousing), sur lequel il était absent jusqu’alors. Et pour y grignoter des parts, l’éditeur aurait abusé de sa position de force dans les ERP, « en forçant ses clients à adopter HANA en échange de la mise à niveau de leurs applications ERP ». Et ce au détriment des solutions proposées par Teradata.
Le géant du datawarehouse explique avoir eu des doutes à partir de 2015. Il demande désormais à la justice de faire cesser le préjudice qu’il subit, en interdisant à SAP de continuer d’utiliser les technologies issues de la propriété intellectuelle (soit à fermer HANA, si l’on suit la logique de la plainte de SAP) et réclame des dommages et intérêts. Au moment où nous écrivons ces lignes, SAP n’a pas encore officiellement réagi.