Thomas Kurian, le «monsieur Cloud» d’Oracle, démissionne

C’est un coup dur pour l’entreprise de Larry Ellison, qui perd le responsable du développement de ses produits, au lendemain de la publication de ses résultats financiers qui, pour la première fois, ne dissocie pas on-premise et cloud. Une tentative de dissimuler les véritables chiffres de ventes de ses licences cloud, selon certains actionnaires qui préparent une class action à l’encontre de l’éditeur.

Mi-septembre, nous apprenions que Thomas Kurian, le grand architecte du cloud chez Oracle, prenait congé de la société pour une durée indéterminée. Selon Bloomberg, cette « pause » est la conséquence d’une divergence entre le responsable des développements produits et Larry Ellison, CTO et président de l’entreprise, au sujet du cloud.

Là où Thomas Kurian privilégiait des partenariats avec les grands fournisseurs de cloud public afin de porter sur leurs infrastructures les solutions Oracle, Larry Ellison ne voudrait pas entendre parler d’association avec ses principaux concurrents, leur préférant l’infrastructure en propre de son entreprise. La rupture est définitivement actée : dans un document transmis à la SEC, l’éditeur annonce la démission avec effet immédiat de son président en charge du Product Development.

Parti pour « poursuivre d’autres opportunités », Thomas Kurian verra ses responsabilités réparties entre les autres dirigeants d’Oracle. Et quelles responsabilités ! Entré dans l’entreprise en 1996, cet ancien de McKinsey s’est vite rendu indispensable, devenant le responsable du développement des logiciels de l’entreprise, avec 35 000 ingénieurs, chercheurs et développeurs sous ses ordres, et l’homme derrière leur migration vers le cloud.

Le cloud tire-t-il vers le haut la croissance d’Oracle ?

Cloud qui n’est pas sans poser de problème à Oracle. A la fin de l’été, des actionnaires de l’entreprise faisaient part de leur intention de poursuivre l’éditeur en justice, lui reprochant d’avoir publié des communiqués trompeurs quant à la croissance véritable de ses activités dans le cloud. L’ire des investisseurs avait été attisée par la publication des résultats de l’entreprise en mars, marqués par la stagnation de son activité cloud.

Depuis, Oracle a opté pour une autre tactique. Pas de changement de sa stratégie commerciale mais la fusion dans ses résultats financiers des postes de revenus des licences on-premise et cloud. Publiées en septembre, les recettes totales de l’éditeur stagnent à 1% de mieux comparées à l’an dernier, à 9,2 milliards de dollars.