Google & les DSI : des armes de séduction fatales ?

Malgré les condamnations en justice, les augmentations tarifaires, l’abandon de Google +… la firme de Mountain View aurait gagné du crédit auprès des DSI français. Depuis 2018, les contrats s’enchaînent ainsi autour de G Suite et Google Cloud Platform. Fort de cette « dynamique », Google part aujourd’hui à la conquête d’un nouveau secteur : l’administration publique. Une autre paire de manches pour le géant californien, qui ne possède aucun data center en France. Mais cela pourrait changer…

Ces derniers mois, l’image de Google a été quelque peu écornée par une actualité tumultueuse. En 2018, le géant américain a été lourdement condamné par l’Union Européenne pour abus de position dominante sur le secteur des systèmes d’exploitation pour smartphones. Début 2019, c’était au tour de la Cnil de le sanctionner par une amende record de 50 millions d’euros. En cause : l’insuffisante information des utilisateurs sur l’usage que fait Google de leurs données personnelles. Toujours début 2019, la firme de Mountain View a annoncé l’abandon de son réseau social Google +, qui n’a jamais réellement convaincu le grand public.

Augmentation de 20%

Côté pros, plusieurs annonces ont entraîné des réactions négatives. En fin d’année, Google a rendu payante l’intégration de Google Maps pour un usage commercial, soulevant le mécontentement des professionnels du tourisme. Début 2019, il a annoncé une augmentation de 20 % de ses tarifs de G Suite, son offre de bureautique en ligne, qui devait entrer en vigueur en avril 2019. Un changement tarifaire qui n’a pas été du goût de bon nombre d’utilisateurs, qui devront pourtant faire avec.

Enfin, côté Cloud, des critiques commencent aussi à émerger. Selon la dernière enquête d’EuroCIO*, le plus large regroupement européen d’IT-managers et de CIO, la colère monterait vis-àvis des grands éditeurs de Cloud, dont SAP, Oracle, Microsoft et aussi Google. Selon l’étude : 20 % des DSI souhaitent réduire leurs investissements dans les grands Clouds et peaufinent des stratégies de sortie. Concernant spécifiquement Google, il obtient  « le score le plus bas en termes de protection et de propriété des données, selon les DSI ayant participé à l’enquête. Pour une entreprise qui traite autant de données personnelles, il s’agit d’un problème sérieux et qui devrait motiver Google à améliorer ses pratiques », peut-on lire dans l’étude.

Cette apparente passe difficile pour la firme californienne a-telle eu des répercussions en France auprès des entreprises, et plus particulièrement des DSI ? A priori non. « Nous ressentons quelques inquiétudes ces derniers mois. Mais globalement, Google a plutôt gagné du crédit auprès des DSI ces dernières années », confie Arnaud Rayrole, fondateur de Lecko, société de conseil, spécialisée dans l’accompagnement vers l’adoption d’outils collaboratifs. Même observation chez Devoteam : « Il y a effectivement des interrogations, notamment sur l’augmentation tarifaire, mais nous n’avons pas constaté de ralentissement de la demande, bien au contraire », indique Frédéric Rouaud, directeur général de Devoteam G Cloud, filiale dédiée aux solutions Google Cloud. Un avis également partagé par Pierre Puchois, CTO de Mailjet, client de Google Cloud depuis 2016 (lire encadré). « L’image de Google auprès des DSI s’est améliorée. Elle était déjà plutôt bonne auprès des acteurs du Web, mais Google séduit désormais des acteurs d’autres secteurs d’activité. »