Si seuls nos quatre opérateurs télécoms nationaux pourront enchérir à l'automne pour obtenir les précieux blocs de fréquences 5G, Orange assure ce matin que les entreprises participeront elles aussi à la nouvelle génération de technologie cellulaire, dans une démarche de co-construction chère à Stéphane Richard.
A l'occasion de la deuxième édition de son Business Summit, OBS a tenu une keynote dédiée à la 5G dans un contexte B2B. Sur la scène de l'auditorium du Palais Brongniart ce matin, Stéphane Richard a répété que la 5G sera très différente des générations précédentes, ne se limite pas à une 4G plus rapide mais annonce une transformation des modèles économiques pour les entreprises dans tous les secteurs, de l'automobile à la grande distribution en passant par l'industrie et l'audiovisuel.
« Le plein déploiement de la 5G prendra quelques temps » déclare le patron d'Orange. Les enchères pour l'attribution des blocs de fréquences auront lieu dans quelques mois et la 5G deviendra une réalité pour le grand public lorsqu'il s'équipera de smartphones compatibles. Ce qui n'empêchera pas l'opérateur historique de déployer dès cette année des réseaux 5G pré-commerciaux dans quelques villes. Cependant, du côté B2B, « les entreprises doivent anticiper sans attendre les opportunités business ».
Co-construction
Et Stéphane Richard de s'engager à prioriser les déploiements « d'abord pour les entreprises et les sites industriels ». Nous évoquions dans L'Informaticien n°176 les retours d'équipementiers et d'éditeurs sur la 5G, considérant qu'elle s'adressera dans un premier temps aux entreprises. Orange ne les fait pas mentir en promettant la 5G aux environnements professionnels. Mieux encore, les entreprises seront parties prenantes : le PDG d'Orange explique s'engager dans une démarche de co-construction et de co-innovation aux antipodes des stratégies autour des générations précédentes. La 5G, ce ne sera donc pas l'apanage des seuls opérateurs auxquels les autres devront s'adapter mais bien « un mariage entre tous les utilisateurs et les opérateurs ».
Et si Philippe Varin, président de France Industrie, insiste sur ce processus de co-construction, aussi bien au niveau des filières que des opérateurs, Stéphane Richard glisse que nos quatre telcos vont tout de même « se tirer la bourre » lors des enchères. Sur scène, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État en charge des télécoms, rappelle que justement les industriels ont été exclus de la procédure d'attribution, faute de demande expliquait-elle récemment, mais aussi parce que la gestion des fréquences « c'est un métier ».
Toutefois, parmi les conditions de l'attribution des blocs de fréquence, l'exécutif assure qu'il veillera à ce que les opérateurs soient en capacité de fournir « de manière non discriminante des services aux verticaux ». Autre enjeu selon la secrétaire d'État, la sécurité. « En termes d'équipement, on ne peut pas se permettre d'avoir des backdoors ou des sous-traitants défaillants » avertit Agnès Pannier-Runacher. Une pique à l'attention de ceux qui feront appel à Huawei ? Ce serait étonnant, la secrétaire d'Etat ayant fait preuve de bien plus de nuances à ce sujet dans les colonnes du Monde.