C’est ce qu’on appelle contourner l’embargo. Plusieurs entreprises américaines, Intel et Micron par exemple, ont repris la vente de leurs produits à Huawei en exploitant les failles juridiques de l’interdiction prononcée plus tôt cette année par Washington.
Intel avait été parmi les premiers à annoncer qu’il coupait son approvisionnement en composants à destination de Huawei. Le fondeur se mettait en conformité avec l’ordonnance signée par Donald Trump plaçant Huawei sur une liste d’entités privées de produits et technologies américaines. Et que nous apprend aujourd’hui le New York Times ? Intel a repris la vente de ses puces à Huawei. Et il n’est pas le seul.
Si le fondeur n’a pas commenté l’information, Micron a confirmé dans une conférence téléphonique avec ses investisseurs qu’après avoir interrompu ses livraisons au Chinois le mois dernier, il avait repris ses ventes il y a deux semaines, ayant examiné les règles de l’exécutif américain et « déterminé que nous pouvions légalement reprendre nos livraisons ». La Semiconductor Industry Association elle-même soutient que les affaires avec Huawei peuvent reprendre dans une certaine mesure. Et ce grâce à un vide juridique.
Alléger le poids des sanctions
Un produit peut toujours être vendu à Huawei s’il n’est pas fabriqué aux Etats-Unis, n’est pas accompagné de services fournis depuis les Etats-Unis et ne contient pas de technologies pouvant représenter un risque pour la sécurité nationale. Ce qui limite certes les échanges, mais ne les empêche pas totalement. D’autant que pour un Micron, les enjeux sont énormes : Huawei a dépensé 11 milliards de dollars en composants l’an dernier et certains fabricants américains craignent que le géant n’aille se fournir ailleurs.
Le New York Times rapporte d’ailleurs que certaines entreprises américaines songeraient à délocaliser leurs productions voire leurs services des Etats-Unis, afin de contourner la surveillance de leurs exportations. Un comble quand on se rappelle que Donald Trump avait justement fait campagne sur la relocalisation de la production aux US. Le Department of Commerce est pour sa part au fait de la reprise des livraisons, mais ses responsables sont déchirés entre deux écoles : il y a ceux qui y voient une violation des décisions de l’administration, et ceux qui considèrent que ces ventes allègent l’impact de l’interdiction sur des entreprises américaines.