Retour sur Libra, la monnaie Facebook

Elle n’est pas encore née qu’elle fait déjà les gros titres ! Libra, monnaie virtuelle conçue par Facebook, a été dévoilée dans un livre blanc. Indexée sur un panier d’actifs réels en réserve, cette « cryptomonnaie » voit sa gouvernance assurée par un petit nombre d’acteurs privés, ce qui n’enchante guère les États.

Jusqu’au 19 juin, le projet Libra de Facebook était nimbé de mystères. Les rumeurs, jamais démenties, prêtaient au géant controversé des envies de blockchain et de monnaie virtuelle. En mai 2018, la restructuration au sommet de l’entreprise voyait naître une branche entièrement dédiée à la blockchain, dirigée par David Marcus, jusqu’alors grand manitou de Messenger, et répondant directement au CTO de Facebook, Mike Schroepfer. On pouvait s’interroger à l’époque sur l’expertise du responsable de la messagerie instantanée en matière de « smart contracts » et de protocoles de consensus… cette nomination prend désormais tout son sens. Fin juin, Facebook a finalement publié le livre blanc dédié à Libra. Quoique techniquement, le rédacteur soit l’association Libra, dont le géant n’est qu’un membre fondateur parmi d’autres. Mais attention à ne pas confondre : le terme Libra désigne également la « monnaie » ainsi que la blockchain sous-jacente.

CALIBRA, NOUVELLE FILIALE DE FACEBOOK, A DÉVELOPPÉ UN SERVICE DE PORTEFEUILLE VIRTUEL BASÉ SUR LE LIBRA.

Le registre distribué Libra a été développé par les équipes d’une nouvelle filiale de Facebook, Calibra, en Move. Si ce langage vous est inconnu, rien de plus normal puisqu’il a été conçu pour l’occasion. Move est décrit dans la documentation technique de Libra comme un langage « bytecode [les instructions sont donc codées en binaire] exécutable utilisable pour implémenter des transactions personnalisées et des smart contracts ». Sa fonctionnalité principale : permettre de définir des types de ressource personnalisés avec une sémantique inspirée de la logique linéaire : les ressources numériques sont obligées d’obéir aux mêmes propriétés que des ressources physiques. En d’autres termes, une ressource possède un propriétaire unique, ne peut être dépensée qu’une fois et la création de nouvelle ressource est limitée.

Le langage est donc conçu de tel sorte qu’il « facilite fondamentalement l’écriture d’un code qui incarne l’intention de l’auteur » et lui évite ainsi, du moins dans une certaine mesure, d’introduire par inadvertance une faille. Quant au clonage de ressources, n’y pensez pas, « une ressource ne peut jamais être copiée ou ignorée de manière implicite, elle ne peut être déplacée qu’entre des emplacements de stockage de programme », indique le livre blanc dédié au langage. Move permet en outre de prouver automatiquement que telle transaction respecte telles propriétés. Ainsi, une transaction relative à un paiement ne peut rien faire d’autre que de modifier les soldes des comptes de l’émetteur et du destinataire du paiement. Toutefois les ressources demeurent des valeurs de programme ordinaires.