Le spécialiste du ciblage publicitaire a saisi l’Autorité de la concurrence d’une plainte contre le géant américain. Criteo reproche à Facebook de nuire à la concurrence en favorisant ses propres services et en excluant ses adversaires.
En mars 2018, l’Autorité de la Concurrence publiait les conclusions de son enquête sectorielle sur la publicité en ligne. Son constat était sans appel : si de nombreux acteurs différents interviennent sur ce marché, deux le dominent. Google et Facebook jouissent de leur popularité, mais aussi et surtout de leur positionnement dans de multiples domaines. Un avantage concurrentiel décisif...
Il aura fallu plus d’un an pour que Criteo se décide à réagir. Alors que l’entreprise française a lancé ces dernières semaine l’offensive en faveur d’un « Internet libre » dans la presse, c’est sur le volet juridique qu’elle avance ses pions. Criteo a annoncé hier par voie de communiqué avoir déposé une plainte contre Facebook auprès de l’Autorité de la Concurrence. « Criteo estime que l’exclusion progressive d’entreprises de la plateforme Facebook a nui à la diversité du secteur de la publicité en ligne » explique la société de Jean-Baptiste Rudelle.
Une plainte en abus de position dominante ?
Entendre par là que Criteo a été banni de Facebook qui lui préfère ses propres solutions de ciblage publicitaire. Déjà mal en point sur Safari, l’entreprise a été l’an passé retirée du programme Marketing Partners du réseau social, le privant de fonctionnalités publicitaires sur la plateforme. Si le Français assurait que cet évincement n’aurait que des effets limités sur son activité, les investisseurs n’y ont guère crû : son cours en bourse a immédiatement chuté.
En attaquant Facebook, Criteo porte l’attaque sur le dossier de la position dominante du géant américain sur le marché de la publicité en ligne, conclusion même du rapport de l’Autorité de la Concurrence. « La finalité de cette plainte est de recréer les conditions d’une concurrence saine et juste dans le secteur, en restaurant la possibilité pour Criteo et d’autres entreprises d’accéder aux services de la plateforme Facebook selon des termes équitables. Il s’agit en priorité de remettre de la transparence et d’instaurer des règles claires qui inciteront Facebook à ne pas favoriser ses services aux dépends de ceux de ses concurrents » conclut Criteo.