Alors que le RIPE-NCC annonce avoir moins d'adresses IPv4 à allouer que la demande actuelle et qu'elle sera à court en novembre, l'Arcep annonce la constitution d'une Task Force afin de préparer la transition vers l'IPv6.
Coup de tonnerre hier. Dans un tweet, le registre Internet pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, RIPE-NCC, annonce l'épuisement des adresses IPv4 disponibles : il lui reste désormais moins d'adresses /22 (un peu plus d'un million) à allouer que d'adresses demandées en attente. "Dès que nous ne pourrons plus allouer l'équivalent d'un /22, nous annoncerons être à court [d'adresses]. Nous prévoyons que cela aura lieu courant novembre" écrit le RIPE sur son site [lien : https://www.ripe.net/publications/news/about-ripe-ncc-and-ripe/update-approaching-ipv4-run-out]. En France, l'Arcep explique que, en juin 2018, Bouygues Telecom, Free, Orange, SFR avaient déjà affecté entre 88% et 99% des adresses IPv4 qu’ils possédaient.
Une Task force à l'Arcep
En d'autres termes, l'Internet Protocol version 4, datant pour mémoire de 1983, a atteint le maximum d'espace d'adressage permis, soit environ 4,3 milliards d'adresses IP. Heureusement, l'IPv6 existe, de longue date, et offre un espace d'adressage bien plus large. Tout va bien dans le meilleur des mondes alors ? Pas tout à fait : la transition d'IPv4 a IPv6 est... compliquée. L'activation par défaut d'IPv6 sur les box Internet, terminaux mobiles et autres, ne va pas de soi semble-t-il et pendant longtemps les opérateurs ont ignoré le risque de pénurie qui se posait. Avec, pour conséquence aujourd'hui, qu'Internet "ne cessera pas de fonctionner mais cessera de grandir" selon l'Arcep. "La transition vers IPv6 est une nécessité vitale". Le prix des adresses IPv4, la demande étant plus importante que l'offre, flambe et continuera de flamber à mesure que les adresses se raréfieront tandis qu'apparaît à l'horizon la menace d'un Internet scindé en deux, IPv4 d'un côté, IPv6 de l'autre.
Le régulateur français des télécoms tire la sonnette d'alarme depuis plusieurs années mais faute d'obligations réglementaires, et donc contraignantes, la transition est loin d'être effectuée. Mais face à l'urgence, l'Arcep a lancé un appel avec Internet Society afin de former une "Task Force". Objectif de cette "Dream Team" : "permettre aux participants d’aborder des problèmes spécifiques et partager les bonnes pratiques afin d’accélérer la transition vers IPv6".
Cette équipe est ouverte via un formulaire sur le site de l'Arcep [lien https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-internet-et-numerique/lipv6/suivi-epuisement-adresses-ipv4/appel-a-candidatures-pour-former-une-task-force-ipv6-en-france.html] à toute personne ou organisation (opérateurs, hébergeurs, entreprises, secteur public, etc.) qui a un retour d'expérience sur le sujet, ou souhaite mettre en place l'IPv6. Elle se réunira deux fois par an à compter du second semestre 2019.
Lire à ce sujet notre article paru il y a un an "IPv6 : il est plus que temps de s'y mettre !" (L'Informaticien n°172).