L’efficacité contre le COVID-19 des antipaludéens que sont la chloroquine et l'hydroxychloroquine fait toujours débat dans les cercles scientifiques, avec un battage médiatique conséquent. Certaines personnes mal intentionnées tentent d’en profiter, mais les forces de l’ordre veillent. Ainsi, les gendarmes alsaciens ont réalisé un coup de filet contre un réseau d’escroquerie sur internet, fermant 70 sites Web vendant frauduleusement ces cachets.
Depuis plusieurs semaines, le recours à des antipaludéens pour réduire la charge virale du COVID-19 fait débat partout sur le globe. En France, la médiatisation de la chloroquine et de l'hydroxychloroquine, portée par les polémiques, les fakes news et autres discussions animées, notamment autour du professeur Didier Raoult, ont créé un terreau particulièrement fertile aux escroqueries en tous genres. On connaissait les ventes sous le manteau de masques, la fabrication de solutions hydroalcooliques frelatées... désormais, les cachets de chloroquine sont eux aussi au centre d’un trafic.
La section de recherche de la gendarmerie de Strasbourg vient ainsi d’opérer un important coup de filet contre un « vaste réseau d'escroquerie », aux dires de François Desprès, colonel de gendarmerie interrogé sur Europe 1. Ce réseau vendaient sur Internet, de manière frauduleuse, des cachets de chloroquine, à un euro l’unité. 70 sites ont été fermés par les forces de l’ordre, qui ajoutent avoir constaté « au mois de mars 43.000 connexions, principalement en France et en Italie », alors qu’aucune plainte n’a été déposée par les victimes.
Danger
Mais ces sites ne vendaient pas réellement de chloroquine, extorquant à leurs victimes leur argent et les renvoyant vers quatre sites enregistrés à l'étranger : canadian-pharmacy24.com, eu-medstore.com, my-european-strore.com et big-pharmacy.com. « De pures arnaques », assure au Parisien une source proche de l'enquête, qui ajoute que les escrocs ont également piraté des pages de blogs légitimes afin de profiter de leur référencement et de rediriger les visiteurs vers ces faux sites.
« On risquait d’avoir beaucoup de victimes. Il s’agissait d’éviter que les gens se fassent abuser. Le cas échéant, il y avait aussi le risque de mise en danger d’autrui puisque s’il y a médicament, cela peut aussi être un médicament contrefait et c’est une priorité de santé publique d’éviter toute diffusion de ce type de médicament » insiste François Desprès. Car outre les risques inhérents à ce traitement et à son dosage, on a vu que la prise de certains dérivés pouvait s’avérer mortelle.
Un sexagénaire résidant en Arizona est décédé en début de semaine et sa compagne est encore hospitalisée. Ils ont tous deux ingéré du phosphate de chloroquine, un traitement contre les parasites d’aquarium. Le phosphate de chloroquine et l’hydroxychloroquine sont des dérivés de la même molécule, la chloroquine.