Seuls les volontaires embarqueront sur leur mobile l’appli (ou l’une des applis) du déconfinement. Ils sauront ainsi s’ils ont croisé un autre volontaire StopCovid déclaré positif au SARS-Cov-2.
Le projet gouvernemental de « tracking numérique » pour aider à enrayer l’épidémie de Covid-19 prend forme. Ce sera sans doute une forme basique de traçage numérique sans enregistrement des déplacements et sur la base du volontariat comme s’y est engagé le Premier ministre.
Les internautes qui le souhaiteront installeront l’application StopCovid sur leur mobile. D’après Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, qui livre quelques détails ce mercredi dans une interview accordée au Monde, lorsque deux personnes ayant un mobile équipé de l’app se croiseront pendant une certaine durée à une courte distance chacun des mobiles enregistrera des informations de contact de l’autre mobile. Si un volontaire StopCovid est identifié positif au SARS-Cov-2 tous les contacts établis de cette manière seront automatiquement alertés et incités à se tester et si nécessaire à se soigner. L’échange de données s’effectuerait via Bluetooth, seule technologie envisagée pour le moment. C’est sur Bluetooth que travaille l’Inria, l’institut de recherche français, dans le cadre d’un projet européen, le PEPP-PT (Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing), qui vise à coordonner les efforts de quelque 130 chercheurs européens de 8 pays pour mettre au point un outil respectant pleinement le RGPD.
L'application va demander quelques semaines de développement mais pourrait être disponible pour le début du déconfinement. Le choix du Bluetooth seul non combiné au GPS soulève un problème : il est difficile voire impossible d'obtenir la distance précise entre deux appareils à portée de Bluetooth. On risque donc de se retrouver avec une masse de données peu pertinentes mémorisant des pseudo contacts à une distance supérieure à la transmissibilité du virus (par exemple dans une file d'attente).
Mieux contrôler les chaînes de transmission
Pour Olivier Véran, ministre de la Santé, il s’agirait avec StopCovid -si l'outil se révélait efficace- de généraliser et d’automatiser le contact tracing comme au début de l’épidémie lorsque les cas se comptaient encore sur les doigts des deux mains. Les chaînes de transmission seraient ainsi mieux contrôlées et les porteurs du virus alertés plus tôt.
L’application ne géolocalisera pas les personnes. Les ministres insistent sur ce point. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure, ni transmettre aucune donnée.
« Ce n’est pas une application qui trace vos déplacements, assure Cédric O. C’est une application qui permet d’indiquer aux personnes que vous avez croisées pendant un temps long qu’elles ont, éventuellement, rencontré un cas positif au SARS-CoV-2. » Mais il reste prudent quant à la viabilité du dispositif. « Nous ne savons aujourd’hui ni si l’application fonctionnera ni quelle sera la stratégie de déconfinement ».
Il est à noter que Singapour propose depuis le 20 mars une application similaire dénommée Trace Together, téléchargée un million de fois en une dizaine de jours (Singapour compte 5,7 millions d'habitants). L'analyse des premiers résultats a conduit les autorités à fermer les écoles et les lieux de travail.