Les enchères pour les fréquences de la bande 3,4 - 3,8 GHz, qui devaient initialement se tenir en avril, auront finalement lieu entre les 20 et 30 septembre prochain avant, en octobre, l’ultime enchère sur le positionnement de chacun des quatre opérateurs sur la bande. Cette échéance n’enchante guère SFR et Bouygues, grognons à l’idée que Huawei soit banni de la 5G en France.
Pour le déploiement de la 5G en juin, c’est râpé. Confinement obligeait, l’Arcep avait annoncé qu’elle décalait la date des enchères pour l’attribution des 11 blocs de 10 MHz encore disponibles dans la bande 3,4‑3,8 GHz. Sans toutefois donner de date précise jusqu’à maintenant, les tractations allaient bon train avec les quatre opérateurs, Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR, qui ont chacun acheté pour 350 millions d’euros ces premiers blocs de 50 MHz.
L’Arcep nous apprend que c’est finalement à la rentrée, entre le 20 et le 30 septembre prochain, que les enchères auront lieu. “Ce nouveau calendrier permettra à l'Arcep et aux quatre candidats - les sociétés Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR - de conduire les préparatifs nécessaires à l'organisation matérielle de l'enchère d'ici là” explique le régulateur dans un communiqué.
Septembre
A cette phase d’enchères succédera une seconde, en octobre, qui permettra de déterminer comment chacun se positionne sur la bande de fréquences, ultime étape avant la délivrance des autorisations tant attendues. “L'ouverture commerciale de la 5G se fera ensuite à l'initiative des opérateurs. L'Arcep lève à cet égard l'obligation du cahier des charges qui imposait cette ouverture dans au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020” écrit le gendarme des télécoms, bien conscient qu’un calendrier strict des déploiements n’est plus tenable du fait de la crise sanitaire.
Pour autant, cette décision de l’Arcep est loin de ravir tous les participants aux enchères. Bouygues Télécom, surtout, a été particulièrement engagé ces dernières semaines, appelant à ce que les enchères soient décalées à la fin de l’année, voire au début de 2021. Martin Bouygues lui-même, auditionné par le Sénat, soulignait qu’il n’y a pas lieu de se presser considérant que les usages pour le grand public n’apparaîtront véritablement qu’en 2023 ou 2024.
Vigilance sur la 4G
SFR est d’ailleurs sur la même ligne que Bouygues et les deux opérateurs insistaient sur un report des enchères afin qu’ils puissent d’ici là avancer sur les déploiements de la 4G dans les zones peu denses. Sur la 4G d’ailleurs, l’Arcep en rajoute une couche, en annonçant que les “les autorisations qui seront délivrées à l'automne prévoiront des obligations pour renforcer la 4G”, avec une généralisation de la 4G+ (au moins 240 Mbit/s) sur 75% minimum des sites des opérateurs d’ici à la fin de l’année 2022. “L'Arcep invite les opérateurs à intensifier leurs efforts en la matière, dans le contexte d'un décalage des investissements 5G par rapport à la trajectoire initialement prévue”.
Mais Bouygues et SFR sont confrontés, aussi bien sur cette “intensification” de la 4G que sur le futur déploiement de la 5G, à un problème de grande ampleur. L’Anssi ne s’est toujours pas prononcée pour ou contre le matériel de Huawei dans les réseaux 5G français. Or, si jamais l’Etat devait bannir l’équipementier chinois, les deux opérateurs se verraient contraints de remplacer la moitié de leurs équipements 2G, 3G et 4G, sans même parler d’attaquer la 5G. Sur ce point, Bouygues comme SFR, ce matin encore par la voix de son directeur général Grégory Rabuel, menacent d’aller en contentieux si jamais l’exécutif décidait de fermer la porte à Huawei.