Thales s’allie à Google Cloud pour son « cloud de confiance »

Google Cloud et Thales vont créer une co-entreprise en France, un nouveau cloud-provider qui s’appuiera sur les services du premier et sur une infrastructure dédiée, tout en comptant sur la sécurité réglementaire offerte par le second. Cette offre mise sur le label Cloud de Confiance.

Peut-on être un « cloud de confiance » dans l’Hexagone quand on est adossé à un géant américain ? Orange et Capgemini se sont déjà rapprochés de Microsoft pour Bleu, tandis qu’OVH n’a pas manqué de signer avec Google Cloud un partenariat autour d’Anthos. Nous n’avons donc guère été surpris de voir Thales aux côtés du géant de Mountain View pour « redevenir un acteur du cloud public » selon Marc Darmon, directeur général adjoint chargé des systèmes d'information et des communication sécurisés de Thales.

De « souverain » à « de confiance »

Il faut dire que la dernière aventure de Thales dans le monde du cloud privé avait tourné court. A l’époque d’Andromède, c’est avec Orange que l’entreprise avait lancé Cloudwatt. Depuis, on ne parle plus de cloud souverain, mais de cloud de confiance, également un label auquel compte prétendre le fruit du partenariat entre Google Cloud et Thales.

Les deux sociétés vont fonder une co-entreprise, dont le nom n’est pas encore connu. La nouvelle entité, de droit français et localisée en France, sera majoritairement détenue, et opérée, par Thales. Google en sera le second actionnaire. L’investissement de chacun est « important », sans qu’aucun chiffre ne soit précisé.

Labellisé

La nouvelle société verra le jour début 2022, au moment de l’inauguration des futurs datacenters de Google Cloud en région parisienne, sur lesquels l’infrastructure de la co-entreprise reposera. Mais attention, il y aura bien une séparation, aussi bien physique que technique. Ainsi, les réseaux et les serveurs seront séparés de ceux de Google. Le tout permettant de profiter des services de Google Cloud tout en bénéficiant de la juridiction et de la confiance de Thales.

A noter que la séparation sera également logicielle puisque les mises à jour « reçues en continu [seront] réceptionnées, évaluées et validées au sein d'un sas de sécurité piloté par Thales ». Un cloud qui pourrait donc échapper, selon Thales, à certaines dispositions méchamment extra-territoriales du droit américain, et qui pourra briguer la certification SecNumCloud et le label Cloud de confiance, avant de commercialiser ses premières offres fin 2022.

Les critiques montent

Si chez les deux principaux intéressés, on se réjouit de ce partenariat, on applaudit des deux mains du côté de Bercy, tandis que l’ANSSI semble confiante dans ce projet. Pourtant, du côté des clouds providers français, la grogne monte. Pour David Chassan, directeur de la stratégie de 3DS Outscale, « la souveraineté n'est pas une opportunité commerciale à saisir en fonction de la météo. On ne peut pas jouer d'effet d'annonce pour faire patienter les acteurs publics ».

Luc d’Urso, CEO d’Atempo, abonde : « l'incompréhension des industriels de la filière numérique n'a d'égale que leur déception et stupéfaction face à l'annonce du projet de Thalès et Google ; ce projet qui ambitionne d'utiliser, sous licence, les technologies cloud américaines et de les exploiter dans une société de droit français pour préserver prétendument notre souveraineté. La captation massive des marchés publiques et privés, si elle venait à être cautionnée par les pouvoirs publiques, engagerait la France dans une voie de totale dépendance vis-à-vis des Etats Unis ».