Màj - Remaniement : le numérique grand oublié du gouvernement Castex 1

Annoncé hier, le nouveau gouvernement ne comporte pas de ministère, de tutelle ou délégué, dédié au numérique. Un oubli probablement rectifié avec les prochaines nominations des secrétaires d'État, mais certains regrettent que le numérique ne jouisse pas d'un ministère de plain pied. Le grand ministère du numérique que certains appelaient de leur voeux ne verra pas le jour pour cette fois. Le remaniement ministériel, officialisé hier, ne mentionne pas la moindre attribution du numérique. Au grand dam sans doute des 54 signataires de cette tribune publiée il y a une dizaine de jours dans Le Point, soutenant la création d'un ministère capable de répondre aux enjeux de notre temps, de la 5G à la cybersécurité en passant par l'éducation et l'identité, signée tant par des chefs d'entreprises que des politiques. Même notre hacker star, Baptiste Robert, figure parmi les signataires. Depuis le dernier remaniement, le numérique avait changé de main, retournant à Bercy après un passage en début de mandat à Matignon. Objectif : se rapprocher des entreprises et surtout de leur pilote au ministère de l'Économie, la DGE. Après un léger couac, la DINSIC rejoignait elle aussi Bercy dans la foulée. Cette situation, a priori, ne changera pas. D'ailleurs, le ministre de tutelle du numérique, Bruno Le Maire, en sa qualité de ministre de l'Économie, a conservé sa place, ajoutant même la "relance" à l'intitulé de son ministère.

Cédric O maintenu ?

Agnès Pannier-Runacher monte quant à elle en grade, devenant ministre déléguée à l'Industrie. Il n'est pas impossible que celle-ci se voit attribuer le portefeuille du numérique : on l'a vue ces dernières années très mobilisée sur ce front, participant à de nombreux événements consacrés au numérique, événements généralement B2B à l'instar du FIC ou de l'université d'été d'Hexatrust. Mais le numérique ne dépend pas seulement de Bercy : le ministère de la Culture lui aussi pilote certains projets. A commencer par le projet de loi audiovisuel et la fusion du CSA et de la Hadopi. CSA dont les compétences devraient toucher de manière croissante la sphère numérique : la loi Avia faisait de l'autorité administrative le régulateur des plateformes en ce qui concernait la lutte contre la haine en ligne, avant d'être censurée très largement par le Conseil constitutionnel. Or, Franck Rester quitte la Rue de Valois et s'en va au ministère des Affaires étrangères suppléer Jean-Yves Le Drian. Il est remplacé à la Culture par Roselyne Bachelot, plusieurs fois ministre sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Quelques observateurs suggèrent en outre que Matignon pourrait vouloir mettre en place une délégation interministérielle chargée du numérique, transverse, au motif que le numérique ne concerne pas un seul et unique ministère. Mais on pourrait en dire de même de l'écologie. Dur de tirer des conclusions à l'heure actuelle. D'autant que la liste des secrétaires d'État, les cabinets et les périmètres de compétences n'ont pas encore été publiés, tandis que Cédric O, dans son profil Twitter, se qualifie toujours de secrétaire d'État au Numérique. Il faudra donc attendre encore un peu pour savoir où se trouve le numérique dans le gouvernement Castex 1.
màj 08/07 : Hier dans la soirée, le Syntec Numérique a réagi par voie de communiqué. « Certaines organisations professionnelles se sont émues de l’absence d’un Ministre dédié au numérique lors de l’annonce de la composition du nouveau Gouvernement » écrit le syndicat. « Au-delà d’un ministère plein, d’un ministère délégué ou d’un secrétariat d’Etat, ce qui est essentiel c’est que le numérique soit au cœur de toutes les politiques publiques et donc de tous les ministères [...]  Syntec Numérique considère donc que le numérique doit être une priorité du plan de relance pour moderniser l’économie et retrouver notre indépendance technologique, clé d’une croissance durable. »