Le spécialiste français du dataviz apporte sa contribution dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Mais, à défaut de pouvoir produire des masques, c’est sur le front de la diffusion et du partage d’informations que se positionne Opendatasoft, mettant gracieusement à disposition tableau de bord dédié et observatoires.
Opendatasoft veut lui aussi, comme nombre d’entreprises, s’inscrire dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Mais pour l’éditeur de solutions de data visualization, difficile de se lancer dans la production de masques ou de respirateurs. C’est donc sur un autre terrain que l’entreprise française va devoir jouer. « Nous sommes partis des initiatives de certains de nos clients, notamment des acteurs locaux, sur deux aspects : informer les gens sur l'évolution de l'épidémie et communiquer des aspects pratiques de la vie quotidienne » nous explique Jean-Marc Lazard, le CEO et fondateur d’Opendatasoft.
Au commencement était la Junta de Castilla y Leon, en Espagne, un des clients de la solution ODS. Celle-ci a créé pour utiliser ses données sur les contaminations et les hospitalisations dans la région un dashboard, fort bien fourni au demeurant. « Nous leur avons demandé s'ils pouvaient nous fournir le code source de ce qu'ils avaient fait et l’avons ajouté à notre catalogue d'applications » explique le CEO d’Opendatasoft. Le modèle castillan est très vite adopté par d’autres clients de l’entreprise, qui relève notamment dans le secteur public un « vrai besoin », qui allait « au-delà de notre communauté tech ».
L’information, c’est le pouvoir !
« Donc à l'échelle de notre entreprise, nous avons choisi d’aider via une plateforme d'information et de diffusion rapide » indique Jean-Marc Lazard. Pour ceux qui utilisent déjà ODS, Opendatasoft a mis à disposition à partir des travaux de la Junta une application dédiée à la crise sanitaire, destinée aux structures disposant de données mises à jour régulièrement, sur une base quotidienne voire même en quasi temps réel. « Cette page compile de nombreux indicateurs, avec les chiffres clés, cartes, tableaux etc. qui permettent de partager des données très détaillées avec une visualisation simple. Tous les agrégats par jour, par sous-région etc. sont préconfigurés » écrit l’éditeur sur son site. Le code est disponible sur GitHub.
Mais ce n’est pas tout. Pour ceux qui ne sont pas clients d’Opendatasoft, l’entreprise met à disposition plusieurs tableaux de bord exploitant les données publiques fournies par les autorités fédérales helvètes pour la Suisse, par Sciensano et le service fédéral belge de la Santé publique pour nos amis belges ou encore par Santé publique France, via opendata.gouv, pour l’Hexagone. Ces dashboards permettent de visualiser la progression de l’épidémie pays par pays, mais aussi localement, en fonction d’un affinage départemental et régional. Ces données proviennent donc d’un ensemble de sources référencées, appuyé par la veille d’une équipe data interne à Opendatasoft afin de sourcer les données disponibles ne provenant pas des clients de l’éditeur, tout en vérifiant la crédibilité desdites sources.
De Salamanque à Los Angeles
En outre, l’éditeur centralise sur son site, avec l’accord des clients concernés, les tableaux de bord créés par ceux-ci à partir des outils de la plateformes. On y trouve ainsi une carte des pharmacies ouvertes dans la région Ile-de-France, de même que la liste des commerces proposant la livraison à domicile à Tours ou encore à Issy-Les-Moulineaux, les données de la Corse quant à la propagation de l’épidémie. Enfin, y est également disponible le tableau de bord de la Junta de Castilla y Leon.
Depuis la mise à disposition de ces ressources, une trentaine de villes, de régions, de départements en Europe s'en sont emparées, souvent pour venir enrichir leurs sites web. Aux États-unis, la succursale d’Opendatasoft voit également la demande augmenter fortement. « Ce sont des outils actionnables et déployables à l’échelle locale, sans avoir à faire trop de techno derrière » souligne Jean-Marc Lazard, qui reconnaît en outre que cet essor profite clairement de la tendance au lowcode observables chez la majeure partie des acteurs du dataviz.
L’ouverture des données contre le COVID-19
Alors que la semaine dernière, les portails dédiés à la crise sanitaire rassemblaient 1000 utilisateurs simultanés, ce chiffre a été multiplié par cinq en dix jours, et l’entreprise recense plusieurs dizaines de millions d’appels d’API. Une tendance qui ne devrait pas s’épuiser avant longtemps, sachant que de nombreuses initiatives et interconnexions, par exemple avec Open Street Map, sont en cours, l’objectif de Jean-Marc Lazard étant d’exposer pour le plus grand nombre des données qui, sinon, ne seraient consultées que par l’écosystème tech.
« Nous croyons en une société où l’information circule mieux, est mieux partagée. Nous traduisons cela en actes en mettant à disposition nos ressources » ajoute-t-il, en espérant que, comme dans de nombreux autres domaines, cette crise participe à une prise de conscience, ici autour de la culture de l’open data et de l’intérêt, au-delà des réticences habituelles, de l’ouverture des données.