C’est une histoire de pot de miel et de coup de filet. Les autorités ont commencé par fermer AlphaBay, incitant ses utilisateurs à se diriger vers Hansa, autre place de marché pour produits illégaux, qui était en réalité un pot de miel maintenu par les forces de l’ordre.
Depuis le 4 juillet, AlphaBay ne répond plus. Ce site du “Dark web” était un Silk Road bis, une plateforme par le biais de laquelle s’échangeaient drogues, armes, identifiants volés, malwares et autres produits diversement illégaux. 250 000 références de stupéfiants, 100 000 identifiants et documents d’identité volés ou frauduleux, 200 000 clients, 40 000 vendeurs... On était encore loin du Silk Road de la grande époque, mais Alpha Bay représentait tout de même un milliard de dollars de transactions depuis sa création en 2014.
Sa fermeture soudaine a inquiété ses usagers, surtout en l’absence d’un avis de saisie qu’aurait pu émettre les forces de l’ordre. Nombreux sont ceux qui craignaient une vaste arnaque, que les propriétaires du site aient fui avec l’argent. Mais la réalité est tout autre : la disparition de la place de marché en ligne est belle et bien due à un coup de filet des autorités de plusieurs pays. Une opération massive à laquelle participaient FBI, DEA, Europol ou encore la police néerlandaise.
Dans la gueule du loup
Le site a été fermé le 4 juillet et son administrateur, un Canadien de 26 ans, arrêté en Thaïlande le lendemain. Il a été retrouvé le 12 pendu dans sa cellule où il attendait son extradition vers les États-unis. Mais, contrairement à son habitude, le Department of Justice américain n’a pas immédiatement communiqué sur cette prise. En effet, les autorités, surtout européennes, poursuivaient un autre objectif.
Une fois AlphaBay inaccessible, ses habitués devaient selon toutes logiques aller vendre ou acheter leurs marchandises ailleurs. Sur Hansa par exemple. Mais cette autre plateforme a elle aussi été victime d’une descente de police, allemande cette fois-ci. Ses administrateurs sont sous les verrous depuis 2016 dans une affaire sans rapport avec Hansa. Mais le site n’a pas été fermé : il est devenu un pot de miel.
10 000 adresses récupérées
“Nous pouvions identifier et perturber l'activité criminelle régulière qui passait par la place de marché Hansa” explique Europol, “mais aussi capter tous les nouveaux utilisateurs qui ont été déplacés d'AlphaBay à la recherche d'une nouvelle plateforme de trading pour leurs activités criminelles". L’agence de coordination des polices européennes se félicite ainsi d’avoir mis la main sur 10 000 adresses d’utilisateurs des deux sites. Après ce coup de filet, Hansa a à son tour été fermé.