L’autorité antitrust allemande considère que la position dominante de Facebook outre-Rhin et les modalités de collecte (massive) de données personnelles permettent au réseau social de dicter ses conditions aux annonceurs et de restreindre l’accès au marché aux autres acteurs.
Tir de semonce du Bundeskartellamt, l’autorité antitrust outre-Rhin. Le régulateur enquête depuis l’an dernier sur Facebook. Dans ce cadre, il accuse dans un rapport le réseau social d’abus de position dominante. Le gendarme allemand considère que Facebook, avec ses 30 millions d’utilisateurs mensuels actifs en Allemagne, soit 90% du marché, est en situation de quasi-monopole.
Expliquant travailler en étroite collaboration avec les autorités de protection des données personnelles, le Bundeskartellamt estime que « l'accès aux données est un facteur clé de la position concurrentielle d'une entreprise ». Or Facebook collecte moult données, non seulement sur ses pages mais aussi via ses autres services (Instagram et Whatsapp) et par le biais de ses API (la présence d’un bouton Like sur un site tiers). Données qui serviront ensuite au ciblage publicitaire.
Effets de réseau et de verrouillage
D’une part, le régulateur se penche sur l’utilisation de ces données et sur les CGU du réseau social, signalant que « le dommage réside ici dans une perte de contrôle pour l'utilisateur: il ne peut pas décider de l’utilisation de ses données personnelles ». Mais sur ce point, le Bundeskartellamt aura du mal à sanctionner financièrement le géant américain.
Mais d’un autre côté, ce volume d’utilisateurs va permettre à Facebook de « verrouiller » le marché publicitaire : il serait en effet compliqué pour un annonceur, selon le gendarme antitrust, de se passer du réseau social aux 30 millions d’utilisateurs. D’autant que cette position permet au réseau social de fixer des barrières à l’entrée sur le marché à de nouveaux acteurs. Et c'est sur ces points que l'amende risque d'être salée. L’autorité allemande laisse à Facebook le soin de répondre à ces accusations, précisant qu’aucune décision définitive ne sera prise avant l’été