Une décennie de gabegie informatique et un gouffre financier, voici ce que l’on retiendra du projet de refonte des SIRH de l’Education Nationale, dont Jean-Michel Blanquer vient d’annoncer l’arrêt. Comme Louvois, ONP ou encore SAIP…
Après ONP pour les fonctionnaires, après Louvois pour les militaires, un autre projet informatique de l’Etat est mis à l’arrêt. SIRHEN, un programme de refonte des systèmes d’information des ressources humaines de l’éducation, a été lancé en 2007. Son coût initial était estimé à 80 millions d’euros. Sept ans plus tard, les sénateurs se sont penchés sur cet ambitieux projet. Les bras leur en sont tombés.
SIRHEN avait déjà englouti 321 millions d’euros. Et un rapport de la DINSIC en 2016 signalait qu’il se chiffrerait 496 millions. L’exécutif a alors décidé de geler le budget d’un SIRH qui ne couvrait au final qu’une infirme partie des personnels. « Au stade actuel de son développement, SIRHEN ne permet que la gestion administrative et de paye des personnels d’inspection et des administrateurs civils, soit environ 4 000 personnes », écrivait le sénateur Gérard Longuet. Ce chiffre s’arrête finalement à 18 000, sur le million de fonctionnaires que compte l’Education nationale.
On va manquer de places au cimetière des ratés informatiques de l’Etat
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, a annoncé la semaine dernière en finir avec SIRHEN. Aux Echos, il explique que « il apparaît clairement que le programme SIRHEN n'est pas parfaitement adapté aux enjeux de gestion des ressources humaines et technologiques d'aujourd'hui. Par conséquent, j'ai décidé de réorienter notre action vers un dispositif plus agile et plus efficace au bénéfice de notre mission de service public ».
Car évidemment, il n’est pas question d’enterrer près d’une dizaine d’années de développements accumulés. Ces briques seront réutilisées dans le cadre de ce nouveau système que la DINSIC va suivre de très près. Dans le registre des autres projets RH, la DSI de l’Etat recense également SIRHIUS pour unifier les SIRH de l’ensemble des ministères économiques et financiers, Source Solde remplaçant Louvois ou encore RenoiRH. Qui représentent à eux trois un budget estimé à environ 250 millions d’euros.