Les Five Eyes contre le chiffrement

USA, Grande-Bretagne, Canada, Nouvelle-Zélande et Australie ont réunis leurs ministres de l’Intérieur afin de discuter sécurité. De cette rencontre, on retiendra cette énième charge contre le chiffrement, facilitateur de terrorisme, et un appel à la responsabilité mutuelle consistant à demander des backdoors.

Les Five Eyes se sont réunis les 28 et 29 aoûts en Australie. Les ministres de la sécurité intérieure australien, étatsunien, britannique, canadien et néozélandais y ont discuté de collaboration, ou comment mieux travailler ensemble pour faire face aux enjeux contemporains. Entre autres, les membres de cette alliance se sont promis une coopération accrue contre les cybermenaces et dans la lutte contre les contenus illicites sur Internet et une meilleure coordination afin de répondre aux « ingérences » étrangères.

Les cinq ministres ont également abordé la question ô combien épineuse du chiffrement, bête noire des forces de l’ordre et autres agences de renseignement. Et sans surprise, les Five Eyes veulent des passe-droits. Evidemment, pas question de taper aveuglement sur le chiffrement qui est « vital pour l'économie numérique, un cyberespace sécurisé et la protection des informations personnelles, commerciales et gouvernementales ». D’ailleurs, les cinq états précisent bien qu’il n’ont « aucun intérêt ni aucune intention » d’affaiblir les mécanismes de chiffrement.

Cet éloge devait être suivi d’une nuance. Argument maintes fois répété par les autorités étatiques, le chiffrement aide le terrorisme et la criminalité. « Nous avons convenu de l'urgente nécessité pour les forces de l'ordre d'obtenir un accès ciblé aux données, sous réserve de garanties strictes, de limitations légales et de consultations nationales respectives » écrivent les Five Eyes. En résultent trois grands « principes ».

Ouvrez la porte !

Le premier d’entre eux est la « responsabilité mutuelle ». Les entreprises sont tenues à la loi, y compris si celle-ci exige qu’elle permet aux autorités d’accéder à leurs données. Mais dans le cas d’un chiffrement de bout en bout, la décision de justice se heurte à un mur technique. « Les organismes d'application de la loi dans nos pays ont besoin des fournisseurs de technologies pour aider à l'exécution des ordonnances légales » estiment les cinq ministres. Il serait donc de bon ton que les entreprises plient devant la loi et, pour le dire simplement, déchiffrent données et communications à la demande.

Principe numéro deux, « l'accès des autorités à l'information des citoyens ne se fait que conformément à l’état de droit et à une procédure régulière ». Et cet accès doit être toujours supervisé par des autorités indépendantes et/ou sous la surveillance d’un juge.

Enfin, le dernier principe est un encouragement aux fournisseurs de solutions de chiffrement et peut se résumer en ces termes : « ouvrez des backdoors ! », et ce indépendamment de la technologie utilisée. Avec cette menace : « si les gouvernements devaient continuer à se heurter à des obstacles à l’accès légal aux informations nécessaires pour protéger les citoyens de nos pays, nous prendrions des mesures exécutives, législatives ou autres pour parvenir à des solutions d’accès licites ».