L’affaire remonte à 2016 : Facebook avait surestimé la durée moyenne de visionnage des vidéos diffusées sur son réseau social, induisant les annonceurs en erreur. Une petite erreur de métrique que l’entreprise jurait main sur le cœur avoir découverte il y a peu. Mais une nouvelle plainte vient remettre en cause cette version.
Facebook ne ment pas seulement à ses utilisateurs et à la Commission européenne, il cache également des choses à ses annonceurs. Un petit retour en arrière s’impose : en septembre 2016, le Wall Street Journal révélait que le réseau social avait, au cours des deux années écoulées, surestimé la durée moyenne que ses utilisateurs passent à regarder des vidéos. La surévaluation de la métrique en question était estimée entre 60 et 80% de la durée moyenne réelle.
Facebook avait fait son mea culpa et annoncé corriger cette erreur dans la foulée, une erreur due à l’absence de standards dans la façon de calculer la durée moyenne de visionnage. L’entreprise de Mark Zuckerberg excluait en effet de son calcul (durée totale divisée par le nombre de visionnages) les visionnages ayant duré moins de trois secondes, par exemple lorsqu’une vidéo est lue automatiquement lorsqu’un utilisateur déroule son fil d’actu. Tout en les comptant dans la durée totale de visionnage. De ce fait, la durée moyenne de visionnage fournie aux annonceurs apparaissait bien plus élevée que la durée de visionnage réelle.
Petite erreur deviendra grosse fraude
Le réseau social indiquait alors avoir découvert l’erreur un mois avant les révélations du WSJ et l’avoir corrigée au plus vite. Il avait toutefois écopé d’actions en justice, quoique limitées aux dates et chiffres avancés par le géant. Mais une des agences de marketing plaignante, Crowd Siren, vient d’amender sa plainte à la lumière de nouveaux éléments et exige désormais que l’erreur de Facebook soit considérée comme « une fraude et justifie des dommages et intérêts ».
En effet, selon des « dossiers internes récemment produits dans ce litige », Facebook était au courant du problème non pas un mois avant les révélations, mais « plus d’un an ». En outre, les propres calculs réalisés par le réseau social prouveraient que la surévaluation n’était pas de l’ordre de 60 à 90%, plutôt de 150 à 900%. Pire encore, Facebook aurait attendu quelques mois avant d’effectivement corriger ses métriques, déployant entre temps une stratégie conçue « pour masquer le fait d’avoir foiré les calculs ».