Depuis l’année dernière, Apple chasse de l’App Store des applications de contrôle parental. Les éditeurs dénoncent une manœuvre qui n’a d’autres buts que tuer toute concurrence aux nouvelles fonctionnalités d’iOS 12. Mais selon Cupertino, il s’agit de protéger la confidentialité et la sécurité des utilisateurs face à des fonctions de MDM potentiellement intrusives.
Apple est fréquemment accusé de s'appuyer sur l'App Store pour descendre les applications concurrentes de ses propres services. Si les reproches se basaient, dans le cas de Spotify, Kaspersky ou de Netflix par exemple, sur la politique tarifaire de la marque à la pomme, un article du New York Times révèle que Apple a supprimé, en totalité ou en partie, plus d'une dizaine d'applications de contrôle parental de sa boutique, dont onze des plus populaires.
Selon l'article, Cupertino aurait contraint ces éditeurs à supprimer certaines fonctionnalités de leurs applications, à savoir des outils de contrôle à distance d'autres appareils mobiles, aussi bien du temps passé devant l'écran que des contenus accessibles. Mais dans certains cas, le géant a retiré purement et simplement les apps de son App Store. « Ils tuent systématiquement l'industrie » dénonce Amir Moussavian, le CEO de OurPact, une application de contrôle parental téléchargée plus de trois millions de fois sur iPhone. Celle-ci aurait été retirée de la boutique applicative sans le moindre préavis de la part d'Apple.
Concurrence déloyale
Certains des éditeurs « comptant des milliers de clients payants » ont dû fermer boutique, tandis que d'autres sont incertains quant à leur futur. Ces entreprises voient dans cette décision de la marque à la pomme une volonté d'éliminer la concurrence, alors qu'Apple a introduit dans iOS 12 des fonctionnalités de contrôle du temps passé devant l'écran. En d'autres termes, ils accusent le géant de pratiques anti-concurrentielles et d'abus de position dominante.
Ce que le premier concerné nie en bloc. Si des applications de contrôle parental ont effectivement fait l'objet d'une suppression de l'App Store, ce n'est pas dans un souci de protéger ses propres services, mais ses utilisateurs. Ces applications « font peser un risque sur la sécurité et la vie privée des utilisateurs » objecte la marque à la pomme dans un communiqué publié en réponse à l'article du NYT. « Au cours de l'année écoulée, nous nous sommes rendus compte que plusieurs de ces apps de contrôle parental utilisaient une très invasive technologie appelée Mobile Device Management, ou MDM » ajoute-il.
Un « risque » à éliminer
Voici donc la raison de cette chasse aux applications sur l'App Store, l'utilisation de fonctions de MDM qui permettront aux parents de surveiller la navigation de leurs enfants ou le temps passé sur leur iPhone. « Le MDM confère à une tierce partie l'accès et le contrôle à un appareil et à ses informations les plus sensibles, telles que la localisation de l'utilisateur, son utilisation des applications, ses comptes mails, les permissions de la caméra et l'historique de navigation » explique Apple. S'il y a parfois un intérêt légitime au recours au MDM, dans le cadre de la gestion d'une flotte de terminaux en entreprise, l'installation de contrôle MDM sur un appareil « pour une application destinée à un usage privé et centrée sur le grand public » constitue « une violation claire des politiques de l'App Store » soutient Apple.
L'entreprise assure en outre avoir notifié les développeurs de ces violations, et leur avoir laissé trente jours afin qu'ils mettent leurs applications en conformité avec la politique de l'App Store. « Plusieurs développeurs ont diffusé des mises à jour mettant leurs apps en conformité avec ces politiques » écrit Apple. « Ceux qui ne se sont pas exécutés ont été retirés de l'App Store ».