Dans l’affaire opposant Kosc à SFR sur le rachat de Completel par le premier, l’Autorité de la Concurrence a rendu un avis défavorable à Kosc, qui risque de peser sur le verdict prochain du tribunal de commerce. Conséquence : l’opérateur de gros perd le soutien de la Caisse des Dépôts et cherche en urgence de nouveaux investisseurs, voire un repreneur.
Kosc devait être le trublion des télécoms sur le marché de gros, à l’image de Free sur le marché mobile grand public. Mais les deux opérateurs ont connu un destin diamétralement opposé et aujourd’hui l’avenir de Kosc est menacé. Cette entreprise, née d’un consortium auquel participaient entre autres OVH et la BPI, a été créée en 2014. A l’époque, Numéricable obtenait le feu vert pour racheter SFR, en échange de certaines contreparties, dont la cession de Completel.
En décembre 2015, l’affaire était entendue et Kosc mettait la main sur le réseau ADSL. Devait en résulter un opérateur spécialisé dans la vente de gros aux opérateurs alternatifs, avec la bénédiction de l’Arcep qui comptait sur Kosc pour mettre à mal le monopole d’Orange sur ce marché. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu et le lancement du nouvel acteur des télécoms B2B a connu du retard à l’allumage.
Verdict
La faute, selon Kosc, à SFR, qui n’a pas respecté son engagement de livrer le réseau au 31 mars 2017. L’opérateur de gros refuse donc de verser le reste de la somme du rachat de Completel, 15 millions d’euros selon Les Echos. Altice attaque en décembre 2017 Kosc devant le tribunal du commerce, estimant avoir livré un réseau exploitable dans les temps et induisant que Kosc est seul responsable de ses difficultés. Soudain, en mars 2018, l’Autorité de la Concurrence s’auto-saisit afin de faire la lumière sur cette affaire et s’assurer que SFR avait bien respecté ses engagements.
Le couperet est tombé vendredi : le régulateur considère que « aucun élément ne permet de caractériser le non-respect par Altice France de ses engagements relatifs à la cession du réseau DSL de Completel ». Un verdict qui sent le soufre pour Kosc, puisque la décision de l’Autorité de la Concurrence risque de peser sur le jugement du tribunal de commerce. D’autant que, sentant le vent tourner, un des investisseurs de l’opérateur, la Banque des Territoires, lâche Kosc.
Les investisseurs se détournent
« Le contentieux avec SFR fait peser un risque financier très grand sur Kosc. Nous avons vu la situation se tendre et pensions que la décision de l'ADLC serait défavorable à Kosc. Il nous fallait agir en investisseur avisé » explique cette branche de la Caisse des Dépôts. Ainsi, elle ne participera pas au nouveau tour de table de 10 millions d’euros lancé par Kosc.
Si ladite somme devait financer le développement du réseau de l’opérateur, il semble bien qu’elle servira finalement à rembourser SFR. Ce qui laissera Kosc sans le sou. L’opérateur aurait en conséquence mandaté la banque Rothschild afin de trouver en urgence de nouveaux investisseurs ou, le cas échéant, un repreneur.