Inclusion numérique, Très Haut Débit, open data, dématérialisation des procédures administratives… les projets numériques dans les collectivités locales rejoignent évidemment la stratégie de l’État. Avec des particularités propres à chacun des territoires. Article paru dans L'Informaticien n°197 (juin 2021).
Les Smart Services de la région Ile-de-France.
Alors que les élections régionales et départementales approchent à grands pas, les candidats n’ont, semble-t-il, pas oublié le numérique. Et ce aussi bien dans leurs programmes que dans leurs campagnes. On voit fleurir les vidéos et publications des candidats sur TikTok, Facebook ou encore Instagram, certains nous font même visiter leur appartement. A croire que la crise sanitaire a également changé le jeu politique : plus de poignées de mains sur les marchés, les gestes barrières le prohibent. En lieu et place, ce sont les réseaux sociaux qui servent plus que de coutume de terrain de jeu pour les futurs élus. Au point que certains observateurs voient dans ces élections locales un laboratoire pour les présidentielles l’année prochaine. Mais le numérique dans les régions et les départements, ce sont surtout des plans, des schémas directeurs et des acronymes par dizaines. SCORAN (stratégie de cohérence régionale d'aménagement numérique), SDUSN (Schéma Directeur des USages et Services Numériques) ou SDAASP (Schéma départemental d’amélioration de l’accessibilité des services au public), TANI (Territoire d’actions pour un numérique inclusif), SRADDET (schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) ou encore SDREII (Stratégie de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation)… Il y a de quoi s’y perdre. Ce qui n’a pas échappé à la mission d’information du Sénat sur l’inclusion numérique, qui déplorait en juillet 2020 la prolifération des documents de planification. « Sur le terrain, les initiatives publiques et privées se multiplient rendant l’offre de médiation numérique difficilement lisible » écrivait la mission d’information.
L’Informaticien a donc cherché à y voir plus clair. Et si le niveau de développement du numérique (et les documents de planification) n’est pas le même entre les différentes régions, force est de constater que les stratégies y sont souvent similaires. Toutes sont plus ou moins articulées autour de quatre axes : l’inclusion numérique, le déploiement du THD, la transformation numérique des entreprises et la modernisation des services publics (généralement avec un pan dédié à l’open data).
La carte de France du numérique en régions
Auvergne-Rhône-Alpes
La Région a pour ambition de devenir la Silicon Valley européenne. Et pour cause, le numérique y représente 4% des emplois, principalement dans le secteur du service aux entreprises, suivi de près par les logiciels grâce à des acteurs tels que Cegid et Axyway. Avec plus de 4000 startups, l’Auvergne-Rhône-Alpes a capté en 2020 de l’ordre de 10% des investissements selon EY. Le tout est porté par un écosystème public et privé hyperactif entre des réseaux professionnels tels que Minalogic, des universités et des laboratoires ou encore plusieurs métropoles French Tech. Autant dire que la région n’a pas manqué d’identifier le secteur comme particulièrement porteur et y met les moyens. Dans sa feuille de route stratégique 2017-2021, elle prévoyait d’investir 650 millions d’euros, dont 220 millions dans les infrastructures, 260 millions dans la transition numérique des entreprises et 170 millions dans la transformation numérique des entreprises. Ainsi, elle vise un déploiement de la fibre sur 100% du territoire avant la fin de l’année, la création de 10 000 emplois dans le numérique (soit autant qu’entre 2015 et 2019) et veut accompagner 750 startups tout en dématérialisant 90% des démarches des usagers de la Région et en délivrant un million de “e-pass citoyen”. Bref, la Région Auvergne-Rhône-Alpes ne plaisante pas sur le numérique. Surtout, elle a financé le «Campus du numérique», qui a ouvert ses portes en janvier dernier. Ce lieu de 11 hectares réunit des écoles, pour un total de 2000 étudiants, des entreprises, des industriels et des chercheurs. Il doit faciliter la formation et accompagner les jeunes vers l’emploi grâce à son statut hybride. Car, outre les centres de formation, il accueille également une usine grandeur nature qui permet aux entreprises de tester la numérisation de leurs processus de production avant de mettre en œuvre, en conditions réelles, leur transformation numérique, industrielle et énergétique. Dans le cadre de ce campus, la Région a fusionné plus récemment le site du Campus Région du numérique, principalement dédié à la formation et aux services innovants et le site Ma Solution Numérique, axé sur la transformation numérique des entreprises, de sorte à « proposer un accompagnement 360° optimisé aux acteurs du territoire, entreprises, collectivités, et améliorer sa visibilité auprès des principaux concernés » et « faciliter l’accès à cette offre de services pour tous vos projets et démarches liés au numérique grâce à un point d’entrée digital unique ». Enfin, les PME ne sont pas en reste avec divers dispositifs de financement et d’accompagnement, dont plusieurs en partenariat avec la BPI.
Bourgogne-Franche-Comté
Si la Bourgogne-Franche-Comté n’est pas une région à la pointe, elle tire son épingle du jeu en s’appuyant sur son activité agricole historique. D’où une profusion de food-tech et d’agri-tech sur son territoire. Bien consciente des enjeux du numérique, la Région a intégré très tôt cette dimension à son SRADDET (schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires). Au menu, du très haut débit, évidemment, que la région veut partout et pour tous. Consciente du chantier qui l’attend, la collectivité a pris le parti d’un mélange filaire et hertzien « afin de mobiliser des solutions alternatives, telles RCube THD ». Il s’agit ici d’exploiter les fréquences hertziennes de la Boucle Locale Radio dans les zones qui ne bénéficient pas de la fibre. Soit exploiter la 4G fixe, à l’aide d’antennes chez les abonnés. « En 2022, 100% des habitants bénéficieront du Très Haut Débit » prévoit la SCORAN BFC. Le document de référence de la région insiste en outre sur la transformation numérique de la Bourgogne-Franche-Comté à travers l’accompagnement du citoyen et la structuration de l’offre de médiation et d’inclusion numérique, l’innovation dans les services public et enfin l’attractivité du territoire, notamment rural. Ici, les actions vont de la mise en réseau des tiers-lieux afin de disposer d’un maillage territorial unifié de médiation numérique et d’accès aux services publics à la promotion de l’agriculture connectée en passant par la création d’un observatoire de la maturité numérique des entreprises et un espace de ressources pour la transformation numérique de l’économie, des collectivités et du monde associatif ou encore la promotion de projets numériques adaptés aux spécificités du monde rural (covoiturage, télémédecine, etc.). Enfin, la politique de la donnée incarne le troisième axe de la SCORAN, avec un focus sur la sensibilisation des collectivités à l’open data et au RGPD.
Bretagne
Le berceau français des télécoms a encore de beaux jours devant lui. La région est toujours un foyer de telcos, notamment Orange qui dispose d’un centre de R&D à Lannion, mais aussi BT Blue, anciennement Bretagne Telecom. Mais elle a vu se développer tout un pan de l’industrie de la cybersécurité, avec un pôle cyberdéfense du côté de Rennes. Le Conseil régional s’attache pour sa part à développer le réseau très haut débit, prévoyant de « fournir le très haut débit partout en Bretagne d’ici 2026 ». Sa politique du numérique pour tous s’articule autour de projets d’inclusion numérique, à travers un «visa Internet» qui permet à tous de s’initier gratuitement aux outils et aux usages numériques de premier niveau dans les structures de médiation numérique. Mais aussi de développement du tissu économique : on pourra citer à ce sujet l’appel à projets « expérimentation d’innovations numériques», intégrée à la Stratégie de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDEII) bretonne. Cet appel à projets entend « faciliter la réalisation de projets d’expérimentation de produits et de services numériques innovants permettant l’accélération de leur mise sur le marché » ainsi que «favoriser, pour une PME bretonne innovante, l’adaptation d’une solution numérique existante sur un nouveau marché, ou sa première mise sur le marché ». On ajoutera que la région dispose de son propre incubateur, Ti Kub. L’open data n’est pas en reste grâce au site data.bretagne.bzh qui publie les données publiques issues de la région (budgets, cartes, registre des associations, subventions, cadastre, librairies…). Elle travaille en outre à une plateforme regroupant l’ensemble de ses services en ligne.
Centre-Val de Loire
En Centre-Val de Loire, c’est l’industrie qui porte le numérique. Et de grands groupes, à l’instar d’Atos ou de Bouygues Télécom. Ce qui n’empêche pas la région d’être en retard par rapport à la moyenne, que ce soit pour son écosystème de startups (environ 500) ou pour l’emploi. On notera toutefois que ce territoire commence à se distinguer dans deux secteurs : l’e-santé, avec notamment l’accélérateur Health Tech Station qui commence à se faire un nom dans le domaine de la pharmaceutique, et la cosmétique, Chartres ayant rejoint le réseau BeautyTech de la French Tech. Etant donné la superficie du territoire, la région se concentre sur le développement de l’infrastructure, dans son SCORAN en 2011, puis dans son SDREII à partir de 2016. A la même époque, après consultation publique, la région lance une seconde stratégie dite «Ma Région Numérique». En 2017, la région est d’ailleurs la première à se doter d’un Conseil régional du Numérique, une assemblée d’experts, de citoyens, d’élus et d’entrepreneurs qui se réunit plusieurs fois par an pour aiguiller le Conseil régional sur les sujets en lien avec le numérique. Elle lance en 2020 la deuxième phase du déploiement du Très Haut Débit qui est dotée d’une enveloppe de 133 millions d’euros dédiée au déploiement du THD sur tout le Centre-Val de Loire. Surtout, le Centre-Val de Loire met l’accent sur la formation à tous âges. Le GIP RECIA, réseaux d’acteurs économiques et de chambres consulaires, propose des formations aux entreprises. Ce sont quelques 17 formations initiales qui ont été mises en place dans la région. Les demandeurs d’emplois et les personnes en difficulté ont quant à eux droit à des formation dites VISA pro. Territoire agricole, la région est également dotée d’un pôle de compétitivité Végépolys et de clusters, AgreenTech Valley et les Champs du Possible, qui sont par ailleurs en partie financés par la Région dans le cadre des appels à projets de recherche d’intérêt régional (APR IR). Autre terrain d’action, l’évènementiel, avec les Human Tech Days, un salon régional des professionnels du numérique, qui s’est ouvert en 2019, le DreamHack Tours ou encore les Assises nationales de l'eSport en France.
Corse
L’écosystème numérique corse, composé en quasi-totalité de TPE, est tourné vers le marché local. Peu développé, il ne génère que peu d’emplois et de revenus. Pour autant, la région ne ménage pas ses efforts. En 2020, la Corse est devenue un TANI, Territoires d’Actions pour le Numérique Inclusif. L’Assemblée de Corse indique, dans sa candidature, que « l’inclusion numérique est un enjeu fort de développement économique social et culturel. Le numérique est désormais omniprésent, et il convient que l’ensemble de la société insulaire puisse s’en approprier les modalités d’usage, saisir les opportunités offertes et préférer un numérique choisi à un numérique subi ». Retravaillant son Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique, l’Île de Beauté oriente sa stratégie vers l’inclusion numérique et la lutte contre l’illectronisme, avec le projet Smart-Isula, décrit comme « une démarche de réflexion sur la stratégie d’aménagement numérique de la Corse, c’est-à-dire réfléchir à la façon dont la Corse va s’approprier le numérique pour en faire un moyen d’agir, de se développer de s’émanciper ». La Région finance également des projets d’infrastructure très haut débit, en s’associant notamment avec Orange (pour Bastia et Ajaccio) et SFR.
Grand Est
Le Grand Est n’est pas la région la plus numérique de France, loin s’en faut. Son écosystème est d’ailleurs concentré autour de Strasbourg, Metz et Nancy, cette dernière étant d’ailleurs un des moteurs de l’e-santé dans l’Hexagone. Ce qui n’empêche pas le SRDEII (Schéma Régional de Développement Economique d’Innovation et d’Internationalisation) de la région d’être particulièrement ambitieux. Articulé autour de 6 objectifs et de 7 orientations stratégiques, il se décline en 26 actions prioritaires. Ainsi, le Grand Est entend devenir un des leaders européens de l’industrie du futur et de la bioéconomie et mise pour ce faire sur la transformation numérique de ses entreprises à travers les plans Plan Industrie du Futur, Ferme du Futur/Ferme connectée et Artisanat de demain. Elle tient également à voir augmenter le nombre de startups ainsi que l’investissement privé. Et ce en renforçant son attractivité par l’approfondissement de son intégration transfrontalière, par le rayonnement de ses métropoles, par son soutien à l’économie sociale et solidaire, par la structuration des réseaux d’accompagnement des entreprises, par la commande publique avec l’initiative «Grand’esteurs» ou encore par de nouvelles offres de financement. Plus ambitieux encore, le plan IA du Grand Est, annoncé en 2019, qui prévoit l’investissement de 350 millions d’euros sur 5 ans. Ce projet comprend de l’accompagnement, par exemple avec un «Pack IA» pour accélérer la transformation de 35 entreprises «Primoutilisatrices» d’IA, de la formation avec des Moocs, des cursus, la création de chaires de recherche et cet objectif : attirer dix pointures du domaine par an. La région veut encore accompagner une quinzaine de projets collaboratifs IA par an, entre acteurs divers, tels des laboratoires, des entreprises, des startups, etc, lancer des challenges pour le développement de nouvelles solutions IA pour les secteurs de la Santé, de l’Industrie et de la Bioéconomie dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt «Economie Numérique» et fédérer les grands offreurs de solutions en IA au sein d’un «Club IA» afin de les rendre visibles, et de les rapprocher des marchés.
Hauts-de-France
Les Hauts-de-France sont particulièrement dynamiques en terme de numérique, de par son histoire. L’ancienne région minière a su se reconvertir, surtout autour de la métropole lilloise, avec des acteurs tels qu’OVH et des pôles à l’instar d’Euratechnologies. La Redoute, enfant de la région, bien mal en point à cause des TIC, a réussir à renaître de ses cendres grâce à son virage numérique. Les Capgemini, CGI ou encore Atos s’y sont installées. Et on y compte près de 2000 startups. Services aux entreprises, développement de logiciels, IoT et cybersécurité y sont les secteurs porteurs. La région n’est pas étrangère à ce rebond, nous avions eu l’occasion de le constater lors de notre Tour de France de la French Tech il y a quelques années. Le SDREII de 2017 s’articule autour de quatre niveaux. D’abord «Starter», avec pour dessein de faire évoluer les mentalités des citoyens quant au numérique et à l’entreprenariat. Suivi de Booster, lequel vise à accompagner et financer les entreprises de la région dans les projets de transformation numérique des filières, d’internationalisation et enfin d’innovation et de recrutement par le biais par exemple de «stages innovation PME». La stratégie de la région consiste à fournir des structures d’accompagnement, mais aussi de sortir le portefeuille, en finançant les entreprises grâce à des appels à projet, des subventions, des fonds régionaux ou encore des prêts. S’y ajoute enfin le déploiement du très haut débit, la région voulant être la première 100% THD.
Île-de-France
Centralisme jacobin, quand tu nous tiens. C’est sans la moindre surprise que l’Îlede-France est la première région numér ique de l’Hexagone : elle concentre la moitié des emplois et un tiers des entreprises du secteur. Parmi lesquelles un vaste éventail de startups (près de 16 000) dont plusieurs licornes (Doctolib, Blablacar, Mirakl...). Bref, c’est presque de la triche. Les collectivités ne sont pas en reste avec des agglomérations à la pointe du numérique : on pourra citer notamment Issy-Les-Moulineaux, véritable cas d’école en la matière. Du côté de la région, on est bien conscient de l’enjeu que représente cette effervescence. Elle investit dans les infrastructures et vise une couverture complète du territoire d’ici à la fin de l’année 2023, avec un dernier investissement de 53 millions d’euros. Ces dernières années, le principal projet de l’Île-deFrance était ses «smart services», adoptés en novembre 2018. Cette stratégie consiste à « créer des nouveaux services visant à simplifier la vie de tous les Franciliens et ainsi améliorer leur bien-être. Promouvoir des usages durables » tout en renouvelant les services publics et en créant de l’emploi. Ainsi, une «smart plateforme 2030 » a été mise en place pour accueillir l’ensemble des «services intelligents» de la région, ainsi que ses données publiques. On y trouve un « concentrateur de données », un de ces fameux jumeau numérique, en 3D, grâce auquel « chacun pourra naviguer librement et visualiser en 3D le territoire francilien, actuel, mais aussi augmenter des projets futurs » et enfin un large panel de services dématérialisés (du registre des producteurs locaux aux horaires des métros en passant par les pistes cyclables, une centrale d’achat ou encore un assistant à l’installation de panneaux solaires doté d’un cadastre solaire). Diverses aides financières sont également de la partie, pour les entreprises comme les particuliers.
Normandie
La Normandie, avec 700 startups et moins de 3000 entreprises du numérique, semble au premier abord peu développée dans ce secteur. Pourtant, son Conseil régional est hyperactif. Sur la transformation numérique des organisations, il s’appuie sur l’Agence de Développement de la Normandie pour accélèrer la numérisation des filières et entreprises stratégiques notamment dans l’industrie 4.0 et plus largement dans la transformation de leurs équipements, moyens de production et système d’information et dans l’acquisition de compétences numériques. Pour ces questions de formation, la région a notamment lancé un programme baptisé Communotic. Surtout, la Normandie met l’accent sur l’open data afin de faciliter l’émergence d’un écosystème normand de la donnée. Elle s’appuie ainsi sur la coordination et la gestion de l’information géographique de la Normandie, ou CRIGE, sur un laboratoire collaboratif d’innovation dédié à la stratégie de la donnée pour le développement de services ou encore sur des ressources régionales comme le supercalculateur du CRIANN. En résumé, la Normandie ne manque pas d’atouts. Elle a également fait de la cybersécurité un pôle majeur en partenariat avec la CCI, tout comme l’e-santé, avec une aide européenne de la FEDER à hauteur de 5,8 millions d’euros. Enfin, 100% des Normands devaient être reliés en THD à l’horizon 2020, promettait la région. Le tout est piloté par la Commission Régionale de Stratégie Numérique.
Nouvelle Aquitaine
La Nouvelle Aquitaine est particulièrement vaste et donc hétérogène. A en croire les données de l’INSEE, Bordeaux concentre près de la moitié des emplois dans le numérique, suivi par Bayonne et Niort, grâce au secteur des assurances. On y trouve des grands pontes, des Orange, Capgemini, Sopra-Steria, des industriels tels que Safran et Thales, avec une industrie de l’aérospatiale et de la défense développée, ou encore des e-commerçants tels que Cdiscount. Et pourtant une part d’emplois dans le numérique en deçà de la moyenne française, la faute sans doute à des territoires plus ruraux. D’autant que, autre problème, les jeunes pousses et les petites entreprises, majoritaires, de la région souffrent d’un manque d’accompagnement et de structures, sans parler de financement, dès lors qu’elles s’éloignent de Bordeaux. « Une part importante de l’emploi régional du numérique est localisée dans des établissements appartenant à des entreprises ou des groupes dont les centres de décision sont éloignés » explique la région. Le Conseil régional cherchait à pallier ces faiblesses dans son plan d’action 2018-2021, résolument tourné vers les TPE-PME. La région participe déjà à plusieurs fonds d’investissement, à travers des partenariats (BPI, banques mutualistes, business angels) et des opérateurs gestionnaires régionaux ou nationaux. Elle mène également plusieurs programmes d’accompagnement : «Nouvelle-Aquitaine Accélérateur PME/ETI» et « Parcours Premium PME », et le parcours d’accélération «Région Start-Up». Elle compte attirer et accueillir sur son territoire un nombre croissant d’entreprises du numérique, en particulier leurs équipes techniques (RetD, produit, marketing). Pour les PME, elle vise la mise en place d’une plateforme régionale de sensibilisation/accompagnement /mise en relation qui orientera les PME vers des témoignages de pairs, des ressources numériques (autodiagnostic, guide, MOOC, référentiel-prix, outils pédagogiques innovants), des aides financières et des prestataires et fournisseurs de services référencés. En outre, elle accompagne les entreprises sur le montage et le management de projets collaboratifs d’innovation par la création d’une formation de 2 jours (en lien avec le réseau Innovez en Nouvelle-Aquitaine) et/ou le financement d’une prestation de conseil. Enfin, sur l’inévitable sujet du THD, les RIP sont de mises. La région y prend part et y a investi 229 millions d’euros sur 5 ans.
Occitanie
Grâce notamment à Toulou s e et à Montpellier, la région Occitanie connaît un fort dynamisme du numérique, avec plus de 60 000 emplois et près de 2500 startups. En 2019, la Région a construit son plan d’action autour de trois axes. Le premier, « Libertés, démocratie et participation citoyenne : le numérique au service de plus de démocratie et de citoyenneté… à la reconquête des libertés individuelles et collectives » regroupait l’open data et la transformation numérique des administrations, mais aussi la sensibilisation aux enjeux des données (sécurité, souveraineté, etc.). Le second verset, « Accès et accompagnement: le numérique, moteur d’une meilleure inclusion sociale et économique des populations » fait la part belle à la formation des citoyens aux outils numériques, au THD, à l’accessibilité… bref, au numérique pour tous. Le troisième et dernier volet concerne les entreprises, d’où son titre « Anticipation des mutations liées à la 4e révolution industrielle: la digitalisation, vers une 4e révolution industrielle anticipée, maîtrisée et ambitieuse ». Un tantinet ronflant, mais il s’agit ici d’accompagner les entreprises dans leur transformation numérique et de développer et structurer la filière, tout en soutenant les jeunes pousses et en formant, en adaptant les RH et en mettant en place des infrastructures adaptées. Surtout la région cherche à maintenir son attractivité et à aider au développement de nouveaux clusters en dehors des agglomérations toulousaine et montpellieraine, du côté de Tarbes, de Nîmes et de Perpignan notamment.
Pays de la Loire
Entre Nantes et Angers, le Pays de la Loire est bien loti. La première est une « capitale » de la French Tech, la seconde un «territoire » labellisé sur l’industrie et l’IoT. Avec sa stratégie numérique régionale, le Conseil régional s’est attardé sur trois points : « connecter l’ensemble du territoire ligérien », « innover en développant les nouveaux usages numériques » et « faire de la révolution numérique un levier de transformation de l’administration régionale ». Ainsi, la région a mis en place diverses structures et aides, notamment en début d’année 2021 une aide entre 2500 et 15 000 euros aux petites entreprises « pour l’acquisition et l’appropriation d’outils numériques (logiciels) à forte valeur ajoutée, participant d’une création de chaîne numérique globale pour gagner en productivité et créer de la valeur ».
Provence-Alpes-Côte d’Azur
La région PACA n’a rien à envier à ses homologues du nord. Avec un fort taux d’emplois dans le numérique, le territoire a vu naître des géants de la micro-électronique avec Gemalto ou encore STMicroelectronics et compte deux «Capitales French Tech», Aix-Marseille et Côte d’Azur, avec leurs deux technopôles que sont Sophia Antipolis et l’Arbois. Son SCORAN, signé en 2018, se concentre d’abord sur l’aménagement numérique, avec évidemment le THD, et le développement de l’intelligence artificielle dans la région. Elle a notamment lancé, dans le cadre de sa «Smart Region» les «Sud-Labs», qui ont pour objectif de « de lutter contre la fracture numérique, contribuer à la transition numérique du territoire et de ses entreprises ». La région elle-même dispose de son propre laboratoire, qui a accompagné divers projets : le e-Pass Jeunes, Mon projet d’entreprise, la démarche prospective transports, etc. Le réseau régional d’innovation publique Lab4Lab, initié par la région en novembre 2016, réunit chaque trimestre près de 40 collectivités et institutions. Soit une centaine de participants activement engagés dans des démarches d’innovation publique sous des formes différentes : laboratoires d’innovation, équipe ou mission innovation, etc. Les principaux objectifs de ce réseau sont d’encourager la création d’un éco-système favorable à l’innovation et soutenir sa diffusion sur l’ensemble du territoire régional.