Assassinat de Samuel Paty : la responsabilité des réseaux sociaux pointée du doigt

Après l’attentat de Conflans vendredi soir, nombreux sont ceux qui, dans le monde politique, ont visé les réseaux sociaux, estimant qu’ils ont été le terreau de l’assassinat du professeur d’histoire. Le gouvernement va jusqu’à estimer que la loi Avia, censurée par le Conseil constitutionnel, aurait permis de supprimer certaines vidéos ayant appelé à la mobilisation contre Samuel Paty.  Après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Conflans, le gouvernement pointe du doigt les réseaux sociaux. L’attentat a eu lieu après une campagne en ligne visant l’enseignant, celui-ci ayant utilisé en cours d’éducation civique des caricatures de Mahomet réalisées par Charlie Hebdo. Le meurtrier a lui-même revendiqué son acte sur Twitter. Pour le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, il est indubitable que les réseaux sociaux ont “une responsabilité”.  Gérald Darmanin va même plus loin sur Europe 1. Aux yeux du ministre de l’Intérieur, la loi Avia, censurée par le Conseil constitutionnel, “aurait permis de faire retirer les vidéos et de poursuivre ce père de famille” assure-t-il à propos du père d’une élève qui a lancé sur Twitter des appels à la mobilisation contre le professeur. Laetitia Avia est elle aussi montée au créneau, expliquant dans Le Parisien que “avec cette loi, les messages de cyberviolence et les attaques sur un fondement religieux auraient pu être mieux modérés et retirés, car le texte comportait un chapitre sur le fonctionnement de la modération des plates-formes et leur coopération avec les autorités et la justice”. 

Loi Avia II

Des garanties qui restent sujettes à caution : la loi Avia, si elle obligeait les réseaux sociaux à modérer plus rapidement certaines publications, ne contenait pas de disposition permettant de poursuivre les auteurs desdites publications. D’autant que, dans le cas présent, ni les vidéos du père de famille, ni celles du prédicateur Abdelhakim Sefrioui n’étaient illégales en ce qu’elles n’appelaient pas à la violence ni ne faisaient l’apologie du terrorisme.   Toujours est-il qu’une loi Avia II est sur les rails et que l’attentat a accéléré les choses. “Je travaille notamment à la rédaction d'articles sur la modération des contenus haineux et la façon de mieux identifier leurs auteurs” confie au Parisien Laetitia Avia, ajoutant que “les plates-formes doivent mettre les moyens nécessaires, être diligentes et responsables” dans la modération de propos répréhensibles.  Les responsables en France de Twitter et Facebook sont en outre convoqués mardi par Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté. Toujours sur le terrain des réseaux sociaux, le gouvernement a annoncé que, à la suite du Conseil de Défense de dimanche, 80 messages postés en ligne et saluant l’assassinat de Samuel Paty avaient été signalés sur la plateforme Pharos et faisaient l’objet d’enquête.