Les lunettes virtuelles de Facebook dans le collimateur de l'Allemagne

L'autorité allemande de la concurrence a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête pour possible infraction à l'encontre de Facebook au sujet de son nouveau casque de réalité virtuelle sans fil, dernier litige en date avec le géant américain.

Essai d'un casque de réalité virtuelle sur le stand Facebook lors du sommet de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Lima le 18 novembre 2016

"L'utilisation des nouvelles lunettes Oculus ne doit être possible à l'avenir qu'à la condition d'avoir un compte Facebook", a souligné le président de l'autorité anti-cartel, Andreas Mundt, dans un communiqué.

"Ce lien entre les produits de réalité virtuelle et le réseau social pourrait constituer une infraction à l'interdiction d'utilisation de position dominante de la part de Facebook sur le marché, a-t-il ajouté, en indiquant vouloir mener une enquête à ce sujet.

L'appareil, baptisé Oculus Quest, est destiné à être notamment utilisé pour s'immerger dans des univers graphiques de jeux sophistiqués.

Mise à toutes les sauces (jeux vidéos surtout, mais aussi cinéma, santé, culture, sécurité...), la réalité virtuelle intéresse beaucoup de secteurs, mais cherche encore un marché financièrement viable auprès du grand public.

Sony, Microsoft ou HTC ont eux aussi des casques de VR sur le marché.

Facebook a commencé à intégrer sa gamme d'activité de réalité virtuelle, jusqu'ici vendue via une plateforme Oculus séparée, dans son réseau social mondialement connu Facebook.com et ce sous l'appellation "Facebook Reality Labs".

Cette option est offerte comme fonction supplémentaire sur le réseau social.

Le géant américain s'est toutefois dit persuadé de pouvoir répondre aux inquiétudes du gendarme allemand de la concurrence.

"Nous allons coopérer pleinement avec l'autorité allemande et sommes confiants de pouvoir démontrer que l'enquête n'est pas justifiée", a indiqué à l'AFP une porte-parole du groupe, en faisant aussi valoir que les lunettes virtuelles n'étaient de toute façon pas encore en vente sur le marché allemand.

Facebook est déjà dans le collimateur du gendarme allemand de la concurrence au sujet de l'utilisation des données privées des utilisateurs. Ce dernier a ordonné des restrictions importantes dans ce domaine mais qui n'ont pas encore été mises en place car le litige juridique est toujours en cours.

Un retard que le président de l'autorité a jugé mercredi "regrettable pour les consommateurs".

- Pression croissante -

Le géant américain est de manière générale sous pression croissante des autorités de la concurrence dans le monde entier.  

Plusieurs d'entre-elles aux Etats-Unis ont ainsi accusé mercredi Facebook d'abuser de sa position dominante et de ses coffres bien remplis pour évincer la concurrence, demandant à la justice de forcer le groupe à se séparer des messageries Instagram et WhatsApp.

Dans un dossier distinct, Facebook a obtenu un succès devant une juridiction allemande.

Le Tribunal de grande instance de Munich a rendu deux jugements en début de semaine validant la décision du géant américain de refuser que ses usagers utilisent des pseudonymes sur sa plateforme, en faisant valoir qu'une telle interdiction aidait à canaliser la propagation des propos haineux sur internet.

La juridiction régionale avait été saisie de deux cas différents concernant des usagers de Facebook qui avaient porté plainte contre la politique de refus de noms d'emprunt, avec des décisions contradictoires rendues en première instance par des tribunaux locaux.

"L'expérience montre clairement que l'inhibition est beaucoup moins élevée en cas de recours à des pseudonymes" sur internet, ont estimé les juges de Munich dans leurs attendus. 

L'utilisation de leur véritable identité est justifiée "pour empêcher les usagers d'avoir des comportements répréhensibles sur internet", ont-il ajouté.

Source : AFP