En Italie, Apple et Samsung viennent d’être condamnés pour s’être rendus coupables, à travers des mises à jour des OS de certains de leurs terminaux, d’obsolescence programmée. Les deux constructeurs avaient très fortement incité leurs utilisateurs à procéder auxdites mises à jour, sans les informer des éventuels dysfonctionnements et baisses de performances en résultant.
En janvier dernier, l’autorité italienne de la concurrence, l’Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato, lançait une enquête quant à certaines des politiques commerciales de Samsung et d’Apple « tirant parti des lacunes de certains composants pour limiter les performances de leurs produits et inciter les consommateurs à acheter de nouvelles versions ». En d’autres termes, l’autorité antitrust accusait les deux fabricants d’obsolescence programmée suite aux plaintes de consommateurs. Pour mémoire, peu de temps auparavant, Apple avait admis dégrader les performances de certains anciens modèles d’iPhone.
L’AGCM vient de rendre les conclusions de ses deux enquêtes, considérant Samsung et Apple coupables de « pratiques commerciales déloyales » enfreignant les articles. 20, 21, 22 et 24 du Code de la consommation. « Ces entreprises ont incité les consommateurs - par la demande insistante de téléchargement de mises à jour et également en raison de l’asymétrie existante en matière d’informations par rapport aux fabricants - à installer des mises à jour sur des appareils ne pouvant pas les prendre en charge de manière adéquate » écrit l’autorité italienne.
Dans le cas de Samsung, le Sud-Coréen a « proposé avec insistance, à partir de mai 2016 » aux utilisateurs du Note 4 de passer à Android Marshmallow, sans les prévenir que l’OS provoquerait « des dysfonctionnements graves dus aux contraintes plus importantes du matériel », sorti deux années auparavant. Du fait des coûts élevés de réparation, l’utilisateur d’un Note 4 défaillant se voyait donc poussé à l’achat d’un nouveau terminal. Samsung écope d’une amende de 5 millions d’euros.
L’information, c’est le pouvoir
Du côté d’Apple, l’AGCM reproche à la marque à la pomme d’avoir incité les utilisateurs d’iPhone 6 à installer iOS 10 « sans tenir compte de la demande énergétique accrue du nouveau système d’exploitation ni des inconvénients éventuels, tels que les arrêts brusques, qu’une telle installation aurait pu entraîner ». Après coup, et en toute discrétion, Apple avait en février 2017 publié une version 10.2.1 corrigeant le problème, tout en dégradant sensiblement les performances des appareils.
Mais l’autorité considère également qu’Apple n’a pas fourni aux consommateurs suffisamment d’informations quant à « certaines caractéristiques essentielles des batteries, telles que leur durée de vie moyenne et leur détérioration, ainsi que sur les procédures appropriées pour entretenir, vérifier et remplacer les batteries ». De telle sorte que les utilisateurs d’un iPhone 6 se trouvaient fort dépourvus, avec leurs terminaux crachotant et toussotant, à moins d’en changer. Apple est en conséquence condamné à 5 millions d’euros d’amende pour chacune des deux infractions.