Après trois années d’enquête, une vingtaine de polices du monde entier ont arrêté environ 800 personnes liées au crime organisé. Elles étaient derrière AnoM, une application phare utilisée par les malfrats et dont les messages remontaient directement au FBI.
Il s’agit rien de moins que de « l’une des plus larges et sophistiquées opérations de police contre les activités criminelles chiffrées de la planète », selon Europol.
Les polices d’une vingtaine de pays - dont les États-Unis, l’Australie, les Pays-Bas ou encore la Nouvelle-Zélande - ont arrêté pas moins de 800 membres liés au crime organisé dans une opération de police de près de trois ans et appelée « Opération Ironside » ou Opération Trojan Shield, a annoncé la police australienne, lors d’une conférence de presse, mardi 8 juin 2021.
Au total, ce sont plus de huit tonnes de cocaïne, deux tonnes d’amphétamines, 22 tonnes de mariruana, 48 millions de plusieurs monnaies et cryptomonnaies qui ont été saisis lors d’arrestations ces deux derniers jours, rapporte Europol dans un communiqué de presse. L’Australie en compte pas moins de 200, la Suède 155.
Cheval de Troie AN0M
Derrière ce coup de filet magistral se cache An0M, une application de messages chiffrés massivement utilisée par le crime organisé et sur laquelle les malfrats s’échangeaient leurs communications. La police australienne a révélé que l’application avait été lancée par les autorités fédérales américaines en octobre 2018 - à la suite de l’arrestation de Vincent Ramos, le chef d’entreprise de Phantom Secure arrêté pour avoir vendu des Blackberry améliorés à des malfrats, selon un document judiciaire américain - et que les messages remontaient directement au FBI.
La police australienne avait besoin de s’octroyer la confiance du milieu. Des agents sous couverture ont donc confié l’application à Hakan Ayik, l’un des leaders du Aussie Cartel, rapporte la BBC. De là, de plus en plus de malfaiteurs se sont dirigés vers l’application, tout particulièrement après la mise hors service d’Encrochat qui a vu le nombre d’utilisateurs se démultiplier.
Au total, ce sont pas moins de 27 millions de messages de 12 000 téléphones qui ont été observés et permis d’arrêter des membres de la mafia sicilienne, du syndicat du crime en Asie ou des gangs de motards projetant des opérations de blanchiment d’argent ou d’assassinat.
Si la police avait déjà réussi par le passé à s’introduire dans des réseaux criminels, notamment celui d’Encrochat, c’est la première fois qu’elle se cache derrière une messagerie chiffrée mise à disposition de criminels. « Nous nous sommes infiltrés dans la poche arrière du crime organisé », a déclaré la police australienne.