Bruxelles à l’assaut d’Amazon

La Commission européenne serait sur le point de communiquer ses griefs à Amazon. Bruxelles reproche au géant de l’e-commerce d’exercer une concurrence déloyale à l’égard des vendeurs tiers puisqu’il est à la fois marketplace et vendeur, utilisant les données de commerçants passant par sa plateforme pour mieux vendre ses propres produits.  On prend les mêmes et on recommence. Google a déjà été condamné sur le dossier Google Shopping à une amende record par la Commission européenne : 2,42 milliards d’euros. Désormais, c’est sur Amazon que le regard de Margrete Vestager s’est porté. Selon le Wall Street Journal, qui cite des sources “proches du dossier”, Bruxelles devrait accuser formellement le géant de l’e-commerce dans les prochaines semaines.  La Commission reproche à l’entreprise de Jeff Bezos de jouer sur les deux tableaux : d’un côté Amazon est une marketplace par l’intermédiaire de laquelle des commerçants tiers vendent leurs produits, de l’autre la plateforme e-commerce commercialise ses propres produits. Or le géant exploiterait les données relatives aux ventes réalisées par des tiers par son entremise pour améliorer des produits estampillés Amazon, voire en lancer de nouveaux similaires à ceux qui se vendent le mieux. 

Une Commissaire à l’affût 

Une pratique anticoncurrentielle aux yeux de Bruxelles, qui enquête sur le sujet depuis maintenant deux ans. Le dossier a probablement été alimenté par les investigations menées depuis février 2019 par le Bundeswettbewerbsbehörde (BWB). L’autorité autrichienne de la concurrence entendait "examiner les conditions dans lesquelles la société accorde aux revendeurs Amazon autrichiens l'accès à son marché", soupçonnant qu’Amazon pénalise les autres vendeurs et favorise ses propres offres. Il est encore trop tôt pour présumer d’une éventuelle condamnation du géant, mais une amende pour violation des règles européennes relatives à la concurrence et aux abus de position dominante pourrait coûter cher à Amazon. Le Wall Street Journal a fait son calcul : une sanction à hauteur de 10% des revenus annuels d’Amazon en 2019 s’élèverait à 28 milliards de dollars.