Comme baptême du feu, le nouveau patron est servi. Procès en tous genres, bisbilles entre investisseurs et maintenant révocation de la licence d’exploitation dans la ville de Londres.
La maxime est aussi fleurie que célèbre : « les emmerdements, ça vole en escadrille » disait l’ancien président Jacques Chirac. Elle semble s’appliquer aujourd’hui à Uber. Depuis quelques mois, la première licorne du monde accumule les tourments.
Mercredi 20 septembre dernier les avocats d’Uber ont révélé que Waymo, la filiale Google en charge des véhicules autonomes, réclamait 2,6 milliards de dollars de dommages & intérêts pour le vol de neuf secrets industriels consécutifs au rachat de la société Otto par Uber en 2016. La personne incriminée est Anthony Levandowski. A l’origine du projet Google Car, cet ingénieur était en charge du matériel et tout particulièrement du lidar, c’est-à-dire le système de lasers destiné à cartographier l’environnement en temps réel. Début 2016, il quitte Google pour fonder Otto, une entreprise se concentrant sur les poids lourds autonomes. Moins de sept mois après sa création, Otto est rachetée par Uber pour 700 millions de dollars. Et c’est là que les choses se corsent !
En effet, Waymo prétend que M. Levandowski a dérobé plus de 14 000 documents confidentiels lors de son départ de Google portant en particulier sur le système Lidar. Ces documents aboutiraient à 9 secrets industriels très importants et c’est pourquoi Waymo demande une somme si élevée, de loin la plus importante jamais réclamée par un acteur des technologies à un concurrent.
Les lourds dossiers de Dara
Ce procès constituait jusqu’à ce jour l’une des principales préoccupations du nouveau boss d’Uber, Dara Khosrowshahi car le véhicule autonome est le principal enjeu d’Uber pour les années à venir et pourrait même constituer sa seule chance de survie, de l’aveu même du fondateur et ancien patron Travis Kalanick.
Mais à ces troubles vient de s’en ajouter un second également très menaçant. L’autorité des transports de la ville de Londres vient en effet de ne pas renouveler la licence d’exploitation, laquelle expire le 30 septembre, soit dans 8 jours. La TFL précise que « l'approche et l'attitude d'Uber démontrent un manque de responsabilité de l'entreprise en ce qui concerne un certain nombre d'aspects ayant de possibles implications en termes de sécurité publique ». L’autorité précise cependant qu’Uber pourra continuer à faire rouler ses véhicules si elle fait appel de cette décision tant que les procédures n’auront pas été étudiées. La société américaine dispose de 20 jours pour faire appel. A Londres, 40 000 chauffeurs travaillent pour Uber. La décision est donc un énorme coup dur pour l’entreprise après une première alerte à Rome au printemps dernier. De plus en plus de villes commencent à regarder de très près l’entreprise américaine.
Bagarre au "Board"
Si l’on ajoute les bisbilles entre l’investisseur historique Benchmark qui s’oppose à l’arrivée au capital du Japonais Softbank, lequel est prêt à investir 10 milliards de dollars pour 22% des actions et deux sièges au conseil d’administration. Ceci signifierait que les investisseurs actuels seraient obligé de revendre leurs parts avec une perte de 30%. Benchmark possède 13% de l’entreprise et n’a nullement l’intention de vendre ses actions. Par ailleurs, elle poursuit Travis Kalanick en justice pour avoir porté le nombre de membres du Conseil d’Administration de 8 à 11 et d’en avoir occupé un après avoir démissionné de son poste de PDG.
Si l’on ajoute d’autres complications commerciales, la maxime présidentielle est parfaitement adaptée.